C'est vrai, le Japon n'est pas pressé pour multiplier sa présence sur le marché des voitures électriques, en particulier chez Suzuki. Mais il ne s'agissait pas de se louper, surtout quand le modèle choisi n'est autre que le célèbre Vitara, un nom présent depuis 1988 chez la marque d'Hamamatsu. Rien que pour lui (enfin, pas tout à fait, Toyota a repris la base technique pour l'Urban Cruiser, conformément aux accords de développement qui lient les deux entreprises) Suzuki inaugure la plateforme Heartect-e 400 V. Une structure allégée (qui ne multiplie pas les renforts), mais pensée pour bien protéger la batterie. Avec 2700 mm d’empattement (contre 2500 mm pour le Vitara thermique), l’espace à bord est généreux pour la catégorie. La longueur totale atteint 4,28 m, soit 10 cm de plus que l’actuel Vitara.
"Mécaniquement", Suzuki privilégie la technologie de l'eAxle compact: moteur, onduleur et réducteur sont réunis dans un même ensemble compact. Deux versions traction sont proposées : 144 ch avec batterie 49 kWh, 174 ch avec 61 kWh.
Mais la vraie signature maison, c’est l’AllGrip-e : grâce à un second eAxle à l’arrière (moins puissant, 65 ch) le Vitara respecte ses gènes de 4x4. La puissance système atteint 184 ch (et surtout 307 Nm, 189 Nm en traction). Sans arbre de transmission, la gestion est 100 % électronique, avec notamment un mode Trail qui simule un différentiel à glissement limité via les freins. Résultat : plus de motricité sur terrain glissant, et une proposition 4x4 électrique rare à ce prix. Cette version 4x4 n’est pas à considérer comme un franchisseur ultime, mais aussi et surtout comme la version des habitants des zones rurales, moins rapidement déneigées qu’ailleurs. Et tout simplement, une version plus sûre par mauvais temps.
Ses batteries LFP de 49 ou 61 kWh, Suzuki est allé les chercher chez BYD. Son poids est « maîtrisé » : 1700 kg en traction petite batterie, 1900 kg en 4x4. Autonomies annoncées : 344 km (49 kWh traction), 395 km (61 kWh 4x4) et 426 km pour la traction grande batterie. La recharge est classique : 11 kW AC et 90 kW DC. Pas énorme, certes, mais Suzuki met surtout en avant un programme de préchauffage/refroidissement poussé pour stabiliser les performances quelle que soit la météo.
Vie à bord : look Vitara, esprit 4x4
Visuellement, l’eVitara coche toutes les cases : musclé sans être agressif, proportions justes, signatures lumineuses à trois points. À bord, c’est moins minimaliste que la moyenne, on pourrait même trouver la déco un peu chargée, avec les formes carrées et l’ambiance « 4x4 moderne ». Et encore pas mal de boutons physiques. Au centre, une console à deux étages remplit l’espace et un éclairage d’ambiance anime l’intérieur à la tombée du jour, inédit à bord d’un Vitara.
En revanche, le coffre déçoit : 238 l en 4x4, 310 l en traction. Mais Suzuki se rattrape avec une banquette coulissante sur 16 cm et des dossiers 40/20/40 inclinables : une modularité rare, qui fait grimper le volume à 562 l une fois rabattus. Et c'est tout, car pas de frunk prévu... Les places arrière sont spacieuses (sièges reculés au maximum), l’assise globalement très convaincante. Et aucun souci à l’avant.
Sur la route
L’eVitara inspire vite confiance : impression de solidité, stabilité et silence, aidés par l’empattement long et le pare-brise acoustique. Trois modes (Eco, Normal, Sport), un 0-100 km/h entre 9,6 et 7,4 s selon version, et 150 km/h en pointe. La conduite « à une pédale » est bien calibrée. Mention spéciale pour le diamètre de braquage de 10,4 m, franchement pratique en environnement urbain. Globalement, le châssis (McPherson avant, multibras arrière) privilégie un confort… assez ferme sur les déformations de la route. Jamais sportif, mais toujours efficace, et tout sauf tape-cul, l’e-Vitara Allgrip-e s’est révélé agréable pour cette première prise en main. Au fil des kilomètres, on s’installe comme à la maison, dans la continuité des Vitara thermiques. Comprenez : pas de luxe ni de chichi, des choix justes et bien pensés.
Prix et garanties
Les prix démarrent à 33.990 € (49 kWh traction) et culminent à 41.990 € (4x4 61 kWh). Deux finitions : GL et GLX. La GL est déjà solide (pompe à chaleur, aides au stationnement, LED), la GLX ajoute toit pano, audio Infinity by Harman, siège électrique, induction et caméra 360°. À choisir, la GLX vaut l’écart. Face aux Kia EV3, Renault R4, Skoda Elroq, Ford Puma Gen-E ou BYD Atto 2, Suzuki avance deux arguments massifs : l’un des SUV électriques 4x4 les moins chers du marché et une garantie rassurante : 5 ans/100.000 km sur le véhicule et 10 ans/200.000 km sur la batterie !
Verdict
Pour ses débuts en électrique, Suzuki signe une proposition séduisante : look attachant, équipement riche, modularité soignée et prix réaliste. En traction, l’eVitara joue le rôle d’un SUV urbain pratique ; en AllGrip-e, il devient une alternative rare pour qui veut un 4x4 zéro émission, notamment en zones rurales. La production démarre au printemps 2025 à l’usine Suzuki Motor Gujarat (Inde), et les ventes viennent de débuter dans le réseau.
Dans cet article : Suzuki, Suzuki E vitara
Essais
