Pour faire le lien entre le riche passé de la marque en matière de rallye et la nouvelle Ypsilon HF, Lancia a emmené trois voitures championnes sur le terrain d'essai de Balocco. En admirant la Stratos, la 037 et la Delta, nous sommes tombés sur Miki Biasion. Le double champion du monde est la mascotte vivante du programme de rallye de Lancia.

Monstres sacrés
Il a rarement conduit la Stratos, mais l'Italien connaît par coeur la 037 Abarth et la Delta Integrale. Avec la première, il est devenu champion d'Italie et d'Europe des rallyes, avec la seconde, il a remporté le titre mondial en 1988 et 1989. Lorsque nous demandons à Massimo "Miki" Biasion, aujourd'hui âgé de 67 ans, de nous parler de sa monture préférée, il se met à chuchoter.

"C'est la Delta S4 de l'époque du Groupe B : jamais je n'ai conduit une voiture de rallye aussi rapide du début à la fin. Quand je repense à ma victoire en Argentine, j'en ai encore la chair de poule. Aujourd'hui, Lancia n'aime plus trop parler de la S4..." Il fait référence à l'accident fatal d'Henri Toivonen et de Sergio Cresto en Corse, un accident tragique qui a mis fin à l'ère passionnante mais dangereuse des monstres du Groupe B, à la puissance démesurée.
Sans Martini
Lancia est à nouveau active en rallye, mais à des niveaux inférieurs. Les versions de compétition développées en collaboration avec Biasion devraient permettre à de jeunes pilotes de les emmener sous les feux de la rampe. "L'intérêt pour l'Ypsilon est étonnamment élevé", déclare Miki. "Les jeunes pilotes de rallye qui connaissent un peu leur histoire préfèrent frapper à la porte de Lancia plutôt qu'à celle de n'importe quelle autre marque. Entre-temps, nous avons vendu plus de 100 voitures. Avec toutes sortes de variations sur le thème de Martini, les couleurs de guerre sont synonymes de voitures officielles de l'équipe d'usine. Dommage que Porsche en ait les droits, sinon nous aurions rétabli ce lien historique depuis longtemps.

Nous concluons notre entretien par la question des questions. Stellantis envisage-t-elle de participer au WRC avec Lancia ? "Bien sûr que nous le souhaitons. Mais nous avons besoin d'avoir une visibilité sur les plans futurs afin de pouvoir contrôler les budgets de développement et de permettre à tout le monde d'être compétitif. Mais pour l'instant, la FIA (fédération internationale automobile) ne sait pas de quel bois se chauffera le championnat. Nous préconisons une solution qui consisterait à utiliser les voitures actuelles du Rallye 2 comme base d'une nouvelle classe de Rallye 1, ce qui permettrait d'obtenir immédiatement l'adhésion de nombreux constructeurs. Cela pourrait donner lieu à un véritable feu d'artifice. Mais à notre grande frustration, la décision traîne en longueur".