Mobilité / Telraam : le compteur de trafic aux fenêtres

« Telraam », c’est un mot néerlandais signifiant « boulier compteur ». C’est aussi un jeu de mots : « Tel » pour « compter » et « raam » pour « fenêtre ». Car il s’agit d’un dispositif de comptage de trafic utilisant une caméra placée à des fenêtres de bâtiments et fonctionnant selon le principe de la participation citoyenne. Moins onéreux que le système classique par tubes pneumatiques, il a aussi l’avantage de fournir des données en temps réel et sur le long terme. Le projet a été mis en place en 2018 à Louvain. Depuis, de plus en plus de citoyens, associations et autorités publiques s’y intéressent. Et pas uniquement en Belgique.

Boîte noire

L’équipement de Telraam est une petite caméra basse définition reliée à des capteurs et à un mini-ordinateur Raspberry Pi avec une connexion Internet. L’appareil s’installe derrière une fenêtre située à un étage d’un bâtiment avec vue sur la rue qu’il va scruter. Le comptage utilise la caméra, mais sans envoyer d’images, pour calculer le nombre de poids lourds, voitures, cyclistes et piétons de passage, ainsi que leur vitesse et leur sens de circulation. Cela permet d’obtenir des données, en libre accès. Les graphiques permettent d’avoir une vision du trafic (en journée uniquement), en fonction du type et de la taille du véhicule.

Quelle utilité ?

À la base, Telraam, initié par Waanz.in, Transport & Mobility et Mobiel 21 à Louvain (Leuven), était un outil d’action citoyenne pour déterminer l’impact du trafic sur la qualité de vie et sur la qualité de l’air. Elle a à la fois permis de détecter des soucis liés à la circulation (vitesse généralement non respectée, forte densité de cyclistes, encombrements liés à une déviation non suivie), mais également de contredire des riverains. Dans ce cas, il a été démontré que leur perception du trafic et de la vitesse moyenne ne correspondait pas aux faits. En outre, Mobiel 21 laisse les données en libre-service (sauf en cas d’utilisation commerciale). Toute personne et toute autorité publique peut donc les utiliser pour avoir une vision précise et fiable de la circulation de transit et donc de la pollution de l’air et de certains problèmes de sécurité routière. Ces informations peuvent alors être utilisées pour améliorer la mobilité ou la sécurité des riverains, des travailleurs et des visiteurs.

À l’international

Les autorités sont invitées à s’en servir. Une expérience concrète a notamment permis de vérifier qu’un nouveau marquage au sol n’avait pas eu l’effet escompté. La commune a donc dû trouver une autre solution pour répondre aux demandes des habitants de la rue. Pareil pour les conséquences d’un chantier sur la circulation. Telraam permettrait ainsi de mettre en place des plans sur des bases qualitatives avec un comptage crédible et peu coûteux. À tel point que ce système a déjà été adopté à Anvers, Gand, Louvain, Rumbeke, Schaerbeek et Waregem. Des demandes d’informations et de contacts ont également été établies avec d’autres communes flamandes et bruxelloises, des communes wallonnes, des autorités provinciales dans tout le pays ainsi que des villes d’Allemagne et des Pays-Bas. Il y a également un projet test à Graz en Autriche. Un programme Telraam est en cours de développement au niveau européen avec les villes de Cardiff (Royaume-Uni), Dublin (Irlande), Madrid (Espagne) et Ljubljana (Slovénie).