Depuis son arrivée à la tête du groupe Stellantis, Antonio Filosa entend donner un nouveau souffle à la stratégie à long terme de l’entreprise. Son objectif ? Réaligner les priorités industrielles et commerciales après des mois de turbulences pour le quatrième groupe automobile mondial.
Un cap à redéfinir
Lors de sa première intervention publique en tant que CEO, Antonio Filosa a confirmé que le plan stratégique « Dare Forward 2030 » était en cours de réévaluation. Présenté en 2022 par Carlos Tavares, ce plan visait à doubler le chiffre d’affaires net d’ici 2030 tout en maintenant des marges opérationnelles à deux chiffres. Mais les difficultés rencontrées sur les marchés européen et nord-américain ont remis en question ces ambitions, entraînant le départ anticipé de Tavares.
Filosa a profité de cette allocution pour présenter ses quatre priorités : préparer l’avenir en revoyant les fondations stratégiques, recentrer l’offre sur des produits en adéquation avec l’identité des marques du groupe, améliorer l’exécution industrielle, et viser l’excellence en matière de qualité. « Rien de ce qui ne va pas chez Stellantis ne peut résister à ce qui va bien chez Stellantis », a-t-il déclaré, prônant une approche volontaire, portée par l’enthousiasme.
Une culture d’entreprise à rebâtir
Souhaitant tourner la page de la fusion entre Fiat Chrysler et PSA, Filosa a exhorté les collaborateurs à abandonner les étiquettes « ex-FCA » ou « ex-PSA » pour affirmer une identité unique : « Nous sommes Stellantis. » Il mise sur une culture d’entreprise fondée sur le respect, l’écoute et la confiance mutuelle. Une manière d’affirmer que la réussite du groupe passera avant tout par ses équipes et leur capacité à s’unir autour d’objectifs communs.
Que faut-il en penser ?
Revoir la stratégie globale du groupe Stellantis est absolument nécessaire, ce la relève de l'euphémisme. Mais à quelle échéance se mesurera l'impact de la nouvelle approche pronée par Antonio Filosa ? Probablement pas à très court terme en ce qui concerne les "produits" qui dépendent d'une stratégie industrielle déjà lancée et difficilement modifiable de manière significative. De même, le nouveau patron en est encore à sa phase d'approche et d'analyse, enrobée de belles déclarations d'intentions. Mais des décisions difficiles devront être prises : faut-il conserver toutes les marques ? La transition vers le full électrique doit-elle être maintenue avec 2030 en date butoir ? Comment repositionner efficacement chaque marque, certaines se marchant sur les pieds ? Comment proposer à nouveau des produits convaincants et pertinents sur le marché américain ? Outre-Atlantique, le lancement de la nouvelle Dodge Charger, par exemple, est catastrophique. Développée dans la précéipitation - du moins pour sa finalisation - la Charger a été lancée en électrique d'abord et a récolté des critiques essentiellement négatives. Sa carrière peut-elle être sauvée par l'arrivée de variantes à moteur thermique ? Le retour d'Alfa Romeo sur le marché américain va-t-il encore être retardé voire annulé ? Etc...
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