Design industriel et intégration verticale
Le succès de Leapmotor repose sur un choix radical : produire en interne près de 70 % des composants, à l’exception des batteries. Cette intégration verticale permet de contenir les coûts et de proposer des SUV familiaux comme le C10 à des tarifs « low-cost » face à des concurrents plus chers.

Cette stratégie doit beaucoup à l’expertise électronique de Zhu Jiangming, cofondateur et ancien patron de Dahua Technology, qui a poussé l’entreprise à développer son savoir-faire en logiciel et en électronique de puissance. Deux domaines qui ont aussi favorisé le rapprochement avec Stellantis.
Résultats financiers et ambitions
Au premier semestre 2025, Leapmotor a dégagé un bénéfice de 33 millions de yuans (3,9 millions d’euros), après une perte de 2,2 milliards un an plus tôt. La barre des 50 000 immatriculations mensuelles a été franchie en juillet, un record pour la marque.

Objectif désormais affiché : 500 000 ventes d’ici fin 2025, contre 290 000 l’an dernier. Les analystes prévoient même un bénéfice net supérieur à 550 millions de yuans (65,5 millions d’euros), une première historique.
Percée européenne avec Stellantis
Grâce à Leapmotor International, joint-venture où Stellantis détient la majorité, les ventes hors de Chine explosent : 8 311 voitures écoulées en Europe au premier semestre, contre seulement 163 un an plus tôt.

La citadine T03, proposée autour de 16 000 €, mène la danse, mais le C10, disponible en 100 % électrique ou avec prolongateur d’autonomie (C10 REEV), s’impose comme vitrine technologique. Pour consolider cette percée, Stellantis envisage de produire certains modèles en Espagne afin d’échapper aux droits de douane européens.
Une gamme appelée à s’élargir
L’offre s’enrichira bientôt du B10, un SUV compact 100 % électrique qui se placera sous le C10 et arrivera fin 2025. Il profitera d’un réseau de distribution déjà bien fourni grâce à la collaboration avec les concessionnaires Stellantis, supprimant l’un des principaux handicaps des marques chinoises en Europe.

Une stratégie différente de celle de SAIC avec MG, qui capitalise sur un nom britannique, ou de BYD, qui mise sur sa puissance mondiale, ses budgets marketing colossaux (sponsor principal du dernier Euro) et une gamme pléthorique pour s’imposer dans un marché déjà saturé.
Perspectives et défis
Leapmotor séduit les investisseurs par son rapport prix/compétitivité et l’efficacité de son cycle produit. Mais les défis restent immenses. Pour rivaliser en capitalisation avec les poids lourds de l’électrique chinois, la marque devra élargir son portefeuille et franchir le seuil du million d’unités annuelles.
Sa capacité à maintenir ses marges face à une concurrence féroce sera décisive. Quant à l’aventure européenne, elle devra conjuguer industrialisation locale, image de marque encore fragile et réglementation de plus en plus contraignante.
En dix ans, Leapmotor est passée du statut d’outsider à celui de challenger crédible sur la scène mondiale. Sa recette – intégration verticale, tarifs agressifs et expansion via Stellantis – séduit autant les marchés financiers que les consommateurs. Reste à savoir si cette ascension éclair se transformera en véritable enracinement dans l’arène mondialisée de l’électrique.