BYD, mastodonte de l’électromobilité et sixième constructeur mondial en termes de volume en 2023 avec 4,27 millions de véhicules écoulés, montre les premiers signes d’essoufflement. Alors que l’objectif 2025 affiche une croissance de 30 % et 5,5 millions d’unités à livrer, les premières fissures apparaissent dans cette ascension jusque-là irrésistible.
Croissance ralentie
D’après des sources relayées par Reuters, la firme aurait réduit sa production dans au moins quatre de ses usines, supprimé des équipes de nuit et gelé plusieurs projets d’extension industrielle. En cause : des ventes en deçà des prévisions et une nécessité de revoir les coûts à la baisse. Le ralentissement est tangible : en avril, la croissance annuelle est retombée à 13 %, puis à un modeste 0,2 % en mai. Du jamais vu depuis février 2024. La production moyenne d’avril et mai 2025 aurait même chuté de 29 % par rapport au dernier trimestre 2024.
Des stocks en augmentation
L’expansion fulgurante de BYD, portée par une offre électrique et hybride agressive et bon marché, a déclenché une guerre des prix féroce en Chine. Mais cet appétit industriel s’est traduit par des stocks qui gonflent : en moyenne, les concessionnaires BYD disposent de 3,21 mois de stock, soit bien au-dessus de la moyenne nationale de 1,38 mois. Un déséquilibre tel qu’un grand distributeur de la marque a récemment dû fermer 20 concessions.
La Chambre chinoise des concessionnaires d’automobiles a tiré la sonnette d’alarme, demandant aux constructeurs – BYD en tête – d’ajuster leur production aux capacités réelles du marché. Un appel à la raison, au moment où la frénésie industrielle menace de se retourner contre ses protagonistes.
Toujours très rentable
Pour autant, la machine BYD reste redoutablement rentable : avec un chiffre d’affaires 2024 de 777 milliards de yuans (soit environ 99,4 milliards €), le constructeur a surpassé Tesla (89,9 milliards €), porté par le succès de ses modèles hybrides. Une performance économique solide, qui contraste avec la fébrilité industrielle actuelle.
Ce ralentissement des ventes sur son marché national pourrait imposer une considération plus élevée à l'égard des exportations de la marque et devrait se traduire par une stratégie plus agressive de BYD sur le plan commercial en Europe notamment.
