- Avis Rédaction 15.70 /20
Si vous vous intéressiez à l’automobile dans les années 1990, Kia doit vous rappeler des modèles «produits blancs», dessinés par des designers stagiaires dépressifs et ayant pour seule vocation celle d’éviter la faillite. Les Pride, Sephia, Clarus et autres Shuma tentaient de s’écouler péniblement par un réseau de concessionnaires embryonnaire, animés par une foi un peu naïve dans une marque naissante. Des pionniers, comme le sont peut-être aujourd’hui certains concessionnaires distribuant eux-mêmes des marques chinoises inconnues. Pour l’anecdote, si vous voulez briller en société lors de vos repas de famille, il faut se rappeler cette Kia Elan, une Lotus du même nom ayant troqué son moteur Isuzu contre un bloc Kia 1.8 litre. Ce cabrio rare (environ 1.000 exemplaires produits) ne sera commercialisé qu’en Corée entre 1996 et 1999. Trois décennies plus tard, la chanson n’est plus la même. Avec son partenaire industriel Hyundai qui l’a pris sous son aile il y a une vingtaine d’années, l’ancienne petite marque est devenue grande, avec par exemple plus de 3 millions d’exemplaires vendus en 2024. Ajoutés aux grosso modo 4 millions du cousin Hyundai, cela place le groupe coréen à la 3e place mondiale, derrière Toyota et Volkswagen. Aujourd’hui, la gamme Kia est l’une des plus récentes du marché, en particulier dans le domaine de l’électrique, une technologie que les Coréens ont adoptée assez vite. La pionnière électrique est l’EV6, lancée en 2021. Suivirent les EV3, EV4/EV4 Fastback, EV9 tandis que le salon de Bruxelles accueille en première mondiale la petite EV2. Et en cette fin de 2025, arrive cette fois l’EV5, sujet de cet essai. Pourtant, Kia n’oublie pas le thermique, avec notamment les K4 et K4 Fastback, sans oublier le Seltos, qui se prépare à débarquer sur le segment B-SUV pour seconder le Niro. Voilà qui situe le rythme infernal d’apparition de nouveaux modèles, pointant le dynamisme régnant en interne. Il faut souligner aussi la cohérence visuelle de tous ces nouveaux modèles, adoptant un style fort, anguleux, immédiatement reconnaissable grâce au coup de crayon du designer Karim Habib, responsable stylistique de la marque, travaillant sous notre compatriote Luc Donckerwolke qui supervise et coordonne, lui, l’ensemble du design de toutes les marques du groupe: Hyundai, Kia, Genesis.
Pour en revenir à la Belgique, à la fin novembre, Kia avait enregistré14.488 immatriculations, soit plus que son cousin Hyundai (12.266), les deux marques frappant aux portes du Top 10 national. On le comprend, Kia, aujourd’hui, c’est du lourd.
LE CONCEPT
Bien que l’EV5 fasse une apparition récente sur nos marchés, sa présence en Asie remonte déjà à 2023. Élaborée à partir de la plateforme modulaire e-GMP du groupe – base technique qu’elle partage notamment avec les EV3 et EV4 –, elle s’impose comme l’équivalent électrique du Sportage, un modèle thermique dont le succès commercial en Europe est avéré. Toutefois, l’EV5 s’émancipe de son homologue par une longueur accrue de 10 cm, culminant à 4,61 m. Ce positionnement dimensionnel lui permet de s’insérer avec une pertinence stratégique au cœur de la gamme, se situant idéalement entre les 4,43 m du crossover EV4 et les 4,69 m de l’EV6, ce SUV-coupé pionnier.
L’EV5 intègre ainsi de plain-pied le segment des SUV à vocation familiale, un terrain particulièrement disputé, où elle devra rivaliser avec des références établies. Parmi ses concurrents directs, l’on dénombre notamment l’Audi Q4 (4,59 m), le Citroën C5 Aircross (4,65 m), le Hyundai Ioniq 5 (4,66 m), le Nissan Ariya (4,60 m), le Peugeot e-3008 (4,54 m), l’Opel Grandland (4,65 m), le Renault Scenic (4,47 m), le Skoda Enyaq (4,66 m), le Tesla Model Y (4,80 m), les Volkswagen ID.4/ID.5 (4,58/4,60 m) ou encore – pourquoi pas ? – le Zeekr X (4,43 m).
Si ce secteur est manifestement encombré, le nouveau modèle de Kia n’aborde pas cette campagne de conquête la fleur au fusil. D’une part, l’introduction des EV3 et EV4 a déjà solidement établi la reconnaissance et la crédibilité de la marque sur ce segment. D’autre part, l’EV5 dispose d’atouts intrinsèques significatifs qui devraient jouer en sa faveur. Sa plateforme est éprouvée, tout comme sa batterie affichant une capacité brute de 81,4 kWh (78 kWh utiles). Cette dernière alimente un unique moteur électrique développant 217 ch – une puissance relativement modeste face à l’offre concurrente –, mais gratifié d’un couple de 295 Nm. Il est à noter que cette configuration technique (batterie et motorisation) constitue, pour l’heure, l’unique option proposée au catalogue.
- Habitabilité et agrément de vie à bord
- Confort de marche et silence
- Rapport prix/équipement de série favorable
- Efficience énergétique perfectible (conso, autonomie)
- Capacité de recharge DC limitée à 150 kW
- Comportement routier sans enthousiasme
