Alors que le temps de recharge demeure l’un des principaux freins à l’adoption massive des voitures électriques, FIAT entend y remédier en imitant certains constructeurs chinois - dont Nio - mais en Europe. Comprenez que le constructeur italien a décidé d’introduire à Madrid une station d’échange de batteries fonctionnant avec ses 500e, en collaboration avec Ample et Free2move. Objectif ? Éliminer l’attente liée aux bornes de recharge classiques. Résultat : un « plein » d’énergie en moins de cinq minutes.
Cette technologie, jusqu’ici expérimentée principalement en Asie, arrive pour la première fois en Europe à travers un partenariat tripartite : Ample, expert californien de la batterie modulaire, Free2move, plateforme de mobilité partagée de Stellantis, et FIAT. Ce dernier fournit une flotte de 500e adaptée à accueillir les batteries interchangeables d’Ample, le tout orchestré à travers une application mobile qui automatise la reconnaissance du véhicule et le remplacement instantané du pack.
Madrid comme laboratoire de la recharge express
Choisie pour son dynamisme en matière de mobilité durable - les joies du greenwashing ? - Madrid joue le rôle de terrain d’expérimentation. L’objectif étant de porter la flotte de 500e modifiées à 100 unités à la mi-2025. FIAT se donne ainsi les moyens d’évaluer en conditions réelles l’efficacité du système, sa compatibilité technique avec les plateformes Stellantis et surtout sa viabilité à l’échelle d’une métropole. La ville espagnole, déjà engagée vers une réduction de 65 % de ses émissions d’ici 2030, représente un terreau favorable à ces innovations. Avec 5,5 millions de véhicules électriques ciblés en Espagne à cet horizon.
Vers une mobilité urbaine plus fluide et flexible
Le principe d’Ample repose sur une approche modulaire : les batteries, standardisées, peuvent être insérées en lieu et place des batteries d’origine de nombreux véhicules électriques, y compris ceux du groupe Stellantis. Cette architecture permet une compatibilité multi-marques, tout en réduisant la dépendance aux infrastructures de recharge traditionnelles, souvent surchargées et inégalement réparties.
Pour les opérateurs de mobilité partagée, l’avantage est double : disponibilité accrue des véhicules et baisse des coûts opérationnels. Pour les utilisateurs, c’est la promesse d’une recharge aussi rapide qu’un plein d’essence, avec la simplicité d’un processus entièrement automatisé. FIAT mise sur cette solution pour réconcilier les usagers urbains avec l’électrique, sans compromis sur la praticité. Et relancer les ventes de sa citadine électrique ? Rappelons que le constructeur a décidé d’ajouter une variante à moteur thermique à la dernière génération de la 500 pour pallier au manque d’intérêt de la clientèle.
Une vitrine technologique au service du groupe Stellantis
Présentée au salon MOVE 2025 à Londres, vitrine mondiale de la mobilité durable, cette solution illustre la volonté de FIAT – et plus largement de Stellantis – de devenir des acteurs majeurs de la transition énergétique. Le projet, mené conjointement avec Free2move Charge, la division dédiée aux solutions de recharge du groupe, vise à tester, analyser et tirer des enseignements concrets en vue d’un déploiement plus large.
Que faut-il en penser ?
Sur le principe, l’idée de proposer des modèles électriques compatibles avec l’échange de batteries présente de nombreux avantages : fin de la contrainte de temps liée à la recharge de la batterie, plus grande facilité pour installer des stations d’échange puisque les besoins en recharge rapide et donc d’un réseau électrique public ou privé sous haute tension sont moindres, coût de déploiement du réseau nettement moindre qu’avec les stations de recharge à haute puissance en courant continu.
Cependant, le revers de la médaille ne doit pas être mis de côté. Cette solution implique la production de plus de packs de batteries, donc un besoin accru de matières premières sachant que si la rapidité du système permet d’envisager des batteries de moindre capacité, cette dernière ne diminuera que marginalement pour ne pas altérer l’autonomie des voitures. Dès lors, l’impact environnemental ne sera-t-il pas supérieur ?
De même, quel sera l’impact sur le coût de production de la voiture et son prix de vente ? Cela impliquerait-il obligatoirement que le client ne soit plus propriétaire de la batterie, donc la loue plutôt que de l’acheter ? Avec une baisse significative du prix d’achat de véhicule ? Qui de la garantie ? bref, de nombreuses questions restent en suspens mais l’initiative mérite de s’y intéresser et peut constituer une réponse à une problématique spécifique dans un contexte particulier.
