Ferrari et Porsche traversent une période d’incertitude inédite. La marque italienne au cheval cabré fait face à un recul de ses ventes et à une confiance boursière ébranlée. Sa stratégie électrique, attendue comme une révolution, a finalement semé le doute plutôt que l’enthousiasme.
Une chute en bourse
Tout a commencé lors du dernier Capital Markets Day du constructeur. Ferrari y a présenté ses orientations pour la décennie à venir, avec des objectifs jugés prudents : un chiffre d’affaires visé autour de 9 milliards d’euros en 2030 et seulement 20 % de modèles 100 % électriques à cette échéance, contre 40 % initialement annoncés. Cette prudence, interprétée comme un manque d’ambition, a entraîné une chute immédiate du titre à la Bourse de Milan. En une séance, la valeur du constructeur a perdu près de 15 %, soit environ 13 milliards d’euros de capitalisation envolés.

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Sur le terrain commercial, les signaux ne sont pas meilleurs. En Italie, les livraisons reculent d’environ 5 % depuis le début de l’année, tandis que le marché allemand, longtemps pilier de la marque, enregistre une baisse de près de 20 %. Ferrari invoque une stratégie de rareté pour préserver son exclusivité, mais ces chiffres reflètent aussi un marché du luxe qui s’essouffle, alors que les véhicules électriques peinent encore à séduire la clientèle traditionnelle des sportives thermiques.
Porsche également en difficulté
Pendant ce temps, Porsche, symbole de l’ingénierie allemande, fait face à ses propres turbulences. Le constructeur de Stuttgart subit le ralentissement de la demande mondiale pour les véhicules électriques. Les ventes du Taycan, pionnier du genre, reculent fortement, notamment en Chine. La marque doit désormais réduire ses effectifs et réévaluer son plan produit, en privilégiant des versions hybrides ou thermiques pour amortir ses investissements. La rentabilité s’en ressent : les marges de Porsche, historiquement proches de 20 %, tombent autour de 10 %. L’électrification, censée incarner l’avenir du groupe, devient une source de fragilité économique.

Ces deux situations, à Maranello comme à Stuttgart, traduisent un même paradoxe : l’industrie du prestige, longtemps protégée des aléas du marché, découvre à son tour la volatilité d’une transition énergétique coûteuse. Le client haut de gamme, autrefois indifférent au prix du carburant, s’interroge désormais sur la valeur réelle de l’innovation électrique.
Ferrari, jadis symbole d’invincibilité, et Porsche, référence de rentabilité, affrontent aujourd’hui une même équation : comment rester désirables tout en s’adaptant à un monde automobile qui change plus vite que leurs traditions ? Une page se tourne pour ces deux icônes européennes : celle où la passion seule suffisait à faire grimper les courbes de ventes.