Dans l’univers automobile, certaines alliances intriguent, d’autres dérangent, et quelques-unes s’imposent comme une évidence. L’accord passé entre Mazda et Toyota appartient à cette dernière catégorie. On se souvient de la collaboration germano-japonaise qui donna naissance aux BMW Z4 et Toyota GR Supra, deux sportives cousines mais dotées chacune d’une identité singulière avec un roadster pour les Allemands et un coupé pour les Japonais.

La recette, audacieuse, a prouvé qu’une mise en commun des savoir-faire pouvait faire renaître des modèles de niche à coûts contenus. Mazda et Toyota reprennent aujourd’hui cette logique : unir leurs forces pour prolonger la vie des sportives compactes et accessibles, un segment en voie de disparition à l’ombre des SUV électrifiés.
Mazda à la manœuvre
Cette fois, c’est Mazda qui prendrait le leadership technique, comme Suzuki pour le duo eVitara/Urban Cruiser. Le constructeur d’Hiroshima développerait la plateforme commune et assurerait la production des deux modèles. Une responsabilité à la hauteur de son expertise historique dans l’art de concevoir des sportives légères et équilibrées. La MX-5, lancée en 1989, reste une référence absolue en matière de rapport poids-plaisir, et Mazda entend bien conserver ce patrimoine. Pour le style, l'inspiration viendra évidemment du concept Iconic SP qui avait été présenté sous forme de coupé. Prémonitoire ?
![]()
Pour Toyota, confier la gestation du remplaçant du GR86 à Mazda, c’est accepter que l’allié imprime son style et sa rigueur dans la conception. Un gage de pureté pour les passionnés qui redoutent qu’un coupé populaire finisse noyé dans des compromis industriels. Le futur binôme promet donc une personnalité distincte pour chaque modèle, malgré une base commune : roadster biplace pour Mazda, coupé compact et racé pour Toyota.
Toyota pour l'électrification ?
Mais l’apport du géant nippon ne se limitera pas à la signature esthétique. Toyota possède une expertise inégalée en matière d’hybridation autorechargeable, un savoir-faire qui pourrait sauver la MX-5 face u couperet des normes environnementales. En intégrant une solution hybride légère et intelligente, Mazda pourrait électrifier sa sportive sans lui faire prendre l’embonpoint fatal qui a déjà défiguré tant de modèles. Un moteur thermique atmosphérique associé à un petit module électrique suffirait à réduire les émissions et la consommation, tout en préservant la vivacité mécanique chère aux puristes. Ce cocktail permettrait à la MX-5 de rester fiscalement attractive et de séduire encore des conducteurs désireux de plaisir sans culpabilité.

Quant au futur GR86, il profiterait à son tour de cette hybridation subtile, mais en la traduisant à sa manière : plus de couple en sortie de virage, un punch immédiat et la garantie que les petites sportives japonaises ne soient pas condamnées à devenir des dinosaures thermiques. Surtout, si son style s'inspirera certainement du concept FT-SE, il ne s'agirait pas d'une renaissance de la MR-2 à moteur "central arrière" électrique, mais d'un coupé à moteur avant plus traditionnel.
Un pari pour l’avenir
Au-delà de la technique, c’est un acte de résistance culturelle. Dans un monde où la sportive légère est devenue espèce menacée, Mazda et Toyota refusent l’extinction annoncée. L’un met à disposition sa passion pour les voitures au poids contenu, l’autre son génie industriel et son arsenal technologique.

Le parallèle avec l’alliance BMW-Toyota saute aux yeux, mais l’approche se veut plus équilibrée : ici, Mazda tient le stylo, Toyota relit et ajoute sa touche verte. Si le mariage tient ses promesses, il offrira au marché deux sportives différentes mais complémentaires, fidèles à leur ADN et adaptées aux contraintes modernes. De quoi rappeler que le plaisir de conduire, loin d’être un luxe du passé, peut encore avoir un avenir quand la raison et la passion décident de rouler ensemble ? Qui vivra verra…
Images : Moniteur Automobile/ChatGPT