Le dogme du “tout électrique” n’aura pas survécu bien longtemps chez Lotus. L’Eletre, ce mastodonte censé réinventer la marque, s’apprête à connaître une seconde naissance avec une version hybride rechargeable. L’existence de cette dernière a été officialisée par des documents chinois et déjà surprise en tests. Un tournant que Lotus n’aurait jamais assumé publiquement… si les ventes de l’Eletre et de l’Emeya n’avaient pas sérieusement dévissé et mis en danger l’avenir de la marque.
Hyper Hybrid
Sous sa carrosserie d’hyper-SUV futuriste, fidèle aux versions électriques, la variante PHEV troque la massive batterie de 108 kWh de l’Eletre EV pour un pack de 70 kWh, issu du nouveau Zeekr 9X. Résultat : jusqu’à 355 km d’autonomie électrique, selon le cycle CLTC, nettement plus généreux que notre WLTP. Cela reste tout de même impressionnant pour un engin de 2,6 tonnes. Mieux encore : si Lotus reprend le système de recharge du 9X, l’Eletre PHEV pourrait passer de 20 à 80 % en un peu plus de 8 minutes… ce qui en ferait tout simplement le PHEV à la recharge la plus rapide du marché, avec une puissance dépassant 400 kW.
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Et parce qu’un hyper-SUV Lotus ne serait pas complet sans excès, le système “Hyper Hybrid” mélange un 2.0 turbo quatre cylindres à un dispositif électrique dont la puissance totale reste à confirmer. Lotus parle de 912 ch, mais le cousin technique Zeekr annonce 1381 ch. Autrement dit : il reste de la marge, beaucoup de marge, même si on sait que les Chinois ont une manière bien à eux de calculer la puissance « combinée » des groupes motopropulseurs hybrides. La transmission peut utiliser le moteur thermique soit pour entraîner les roues, soit pour maintenir la batterie à son niveau optimal lors d’un usage prolongé.
Sauver les meubles
Esthétiquement, le Lotus Eletre PHEV ne trahit rien et conserve l’allure générale des versions électriques initiales : calandre légèrement plus ouverte, badge inhabituel “For Me” sur le hayon (promis à disparaître hors Chine), et gabarit identique. Il s’agit donc toujours bien d’un Eletre : spectaculaire, massif, presque provocateur mais dont les lignes façon Emental optimisent toujours l’écoulement aérodynamique.

Ce revirement n’est pas idéologique mais la conséquence directe d’une dure réalité comptable. Lotus a perdu 357 millions de dollars (environ 306,7 millions d’euros au moment de rédiger cet article) sur les neuf premiers mois de 2025. Le marché EV ralentit, certains pays — Italie, Arabie Saoudite, Europe du Sud — n’y basculent pas assez vite. L’hybride rechargeable devient donc une bouffée d’oxygène – ou une bouée de sauvetage - industrielle, une façon d’écouler des volumes et de séduire des régions où l’électrique pur reste une affaire de niche.
L’Eletre PHEV s'érige peut-être en modèle de la dernière chance pour Lotus et sera dévoilé en janvier, avant une commercialisation à l’automne 2026. Rien n’indique pour le moment qu’il sera présenté au prochain Salon de l’Auto de Bruxelles, mais rien ne l’infirme non plus.