Aux yeux des anti-VE, une électrique n’est jamais rien d’autre qu’un toaster géant présentant autant de charisme qu’une porte de frigo. Et comment donner tort à ces sceptiques au terme de dizaines d’essais d’électriques souvent aussi insipides les unes que les autres, présentant souvent pour principal argument la taille de leur écran central? À l’instar de quelques-uns de ses confrères, Hyundai aborde le sujet un peu différemment.
Le constructeur coréen, capable de proposer une petite citadine Inster craquante comme un SUV déluré comme la Ioniq 5 N, enfonce encore le clou en développant une Ioniq 6 N ouvertement destinée au circuit…
Concept Hyundai Ioniq 6 N
Ne riez pas. Pour la suivre, à conducteur/pilote de même niveau, il faudra, a minima, une 911 Turbo S, laquelle vient de voir sa puissance accrue (à 711 ch) depuis la génération 992.2. Belle référence, non? Mais contrairement à l’Allemande, la Coréenne – pour une fraction du prix – pourra aussi emmener parents, enfants, armes et bagages sur la route des vacances ou dans les trajets du quotidien.

Bien que pour un prix concret, nous devrons attendre que la voiture soit officiellement commercialisée dans notre pays, mais avec un peu de chance, ce sera avant la fin de cette année.
Spécifications et performances Hyundai Ioniq 6 N
Il faut dire qu’elle est parfaitement polyvalente, cette berline au profil de sole limande. En gros, elle reprend la technologie de la Ioniq 5 N, faite de deux moteurs électriques de 238 ch et 412 ch (en mode Boost) respectivement pour l’avant et l’arrière, pour un couple cumulé de 770 Nm et une puissance cumulée de 650 ch pendant les 10 s que peut durer le boost, 609 en temps normal.

De quoi transformer instantanément cette quatre portes électrique en la Hyundai de série la plus rapide de tous les temps : le sprint de 0 à 100 km/h est effectué en 3,2 s avec le launch control, tandis que la vitesse de pointe s'établit à 257 km/h.
Certes, la masse est conséquente, mais comme elle est majoritairement implantée basse et regroupée entre les essieux, elle n’induit ni inertie polaire ni roulis exagéré, sachant aussi que la «6» est bien plus basse que le SUV «5», tout bénéfice pour le centre de gravité.

La structure a reçu des renforts ciblés pour soigner la rigidité de l’ensemble et permettre aux pneus de fonctionner, en toutes circonstances, dans des conditions optimales.
Châssis Hyundai Ioniq 6 N
Les angles caractéristiques de géométrie ont, eux aussi, été adaptés pour s’accommoder d’accélérations latérales nettement plus élevées, tandis que ressorts et amortisseurs (pilotés) ont reçu des réglages adaptés à un usage plus sévère.

Enfin, l’aéro a été peaufinée pour gagner en stabilité à haute vitesse sans dégrader la traînée, avec un Cx affichant toujours une excellente valeur de 0,27. La capacité de la batterie de 84 kWh et sa gestion thermique sont conçues de telle manière à garantir deux tours de la Nordschleife sans dégradation du niveau de performance. Ne cherchez pas plus loin la Hyundai de route la plus performante de l’histoire: elle est là et elle est électrique!
Habitacle Hyundai Ioniq 6 N
À l’intérieur, la N bénéficie de la nouvelle console centrale haute et d’excellents baquets au maintien parfait. La position de conduite est tout aussi idéale, avec un volant qui tombe parfaitement en main.

Ce dernier est garni d’une multitude de commandes pour les modes de conduite, la fonction Boost, les palettes de modulation de la régénération qui peuvent servir aussi de « commande de boîte » pour le système N e-Shift, qui reproduit – parfaitement – la sonorité et les à-coups d’un changement de rapport «mécanique» d’une boîte pourtant inexistante et qui compterait 8 rapports «rapprochés».

Mais il s’agit là du meilleur système «d’imitation» que l’on connaisse, celui de Honda pour la Prelude (S+ Shift) étant moins extrême. En l’occurrence, l’illusion est parfaite, au point de sublimer le plaisir de pilotage et de faire oublier qu’on est aux commandes d’une électrique. C’est bluffant! Et compétent.
Au volant Hyundai Ioniq 6 N
Car le châssis est à la carte: au gré des envies et des besoins, il peut se satisfaire d’un rythme de bon père de famille pour le quotidien, évoluer vers une reine des donuts ou du drift, ou encore faire de la 6 N une bête de circuit compétente, rivée au sol tout en acceptant encore de filtrer suffisamment les passages sur les vibreurs pour ne pas déstabiliser les trajectoires.

Bien sûr, lors des changements d’appui rapprochés ou lors des freinages, on sent l’inertie se manifester. Mais il s’agit là des seuls cas de figure où la 6 N est un peu moins à l’aise.
Partout ailleurs, précision, stabilité, progressivité, efficacité sont ses qualités majeures, et quand certains Chinois pensent qu’il est de bon ton de proposer des EV de 1.000 ch et plus, Hyundai prouve qu’il est bien plus judicieux de proposer une sportive cohérente où moteur, gestion de la puissance et châssis se secondent mutuellement pour arriver à un niveau de performances ahurissant, mais… exploitable.

Car voilà une autre des qualités de cette 6: elle met en confiance, ne surprend jamais autrement que par son look et téléphone ses réactions. Dans la multitude des réglages possibles, il faudra juste trouver le bon en fonction des circonstances, des besoins, des envies. Ce qui demande un petit temps d’adaptation vu les infinies possibilités. Mais tous les curseurs étant bien positionnés, cette 6 N affichera une belle maîtrise et, osons le mot, du plaisir.
Conclusion Hyundai Ioniq 6 N
Que les réfractaires à une électrique sportive ne s’enfuient pas tout de suite: cette 6 N a le mérite de faire oublier qu’il s’agit d’un «toaster». Au quotidien comme sur circuit. En matière de performances, elle est l’une des plus abouties, l’une des plus cohérentes. De quoi nous faire regretter la sonorité d’un flat-six à 8 000 tr/min? Pas encore tout à fait, mais… plus très loin.
Dans cet article : Hyundai, Hyundai Ioniq 6