Essais courts / Essai course Opel Corsa Electric Rally (2025)

Concept Opel Corsa Electric Rally (2025)

Entre Opel et le rallye, l'histoire d'amour remonte très loin et les fans de la discipline gardent une pensée émue pour les Ascona, Manta et autres Kadett tonitruantes. Des bolides au Blitz qui ont brillé au niveau national et international, avec en point d'orgue le titre mondial de Walter Röhrl en 1972 au volant d'une Ascona 400. Plus près de nous, les années '90 ont vu briller Bruno Thiry et Freddy Loix au volant d'Opel Astra alignées par l'Opel Team Belgium, aussi bien en Belgique qu'au niveau européen et mondial. Dès lors, il semblait légitime pour le constructeur allemand de revenir à ses premières amours en compétition. Un retour marqué par la coupe Opel Adam en rallye dans un premier temps. Mais pour exister il faut parfois se démarquer et Opel l'a compris en lançant une coupe monomarque - jusque là rien de nouveau - basée sur l'Opel Corsa... électrique. Et il s'agissait alors d'une première en 2021. La petite polyvalente de Rüsselsheim entamait donc sa cinquième et dernière saison de la Cup éponyme en 2025 circonscrite au championnat allemand, en collaboration avec l'ADAC - équivalent du RACB belge - mais qui a su attirer des concurrents internationaux. 

Qui dit coupe monomarque dit budget contenu normalement. Un adage qui tenait à coeur d'Opel qui a décidé de garder sa Corsa de rallye aussi proche que possible du modèle de série. Ainsi, tous les éléments de carrosserie - sauf le capot doté d'attaches compétition - sont strictement de série. Comprenez que les équips peuvent se rendre chez un concessionnaire et y acheter les composants pour les monter sur leur voiture de course sans le moindre souci. Seules les jantes sont spécifiques et abritent des freins de compétition tout en étant maîtrisées par des suspensions adaptées. Sur le plan mécanique, il s'agit pratiquement des seuls changements puisque la Corsa Electric Rally conserve le moteur électrique de 136 ch et 260 Nm de la première mouture de la Corsa Electric de série, ainsi que la batterie d'origine. Seule coquetterie, la voiture dispose d'un différentiel à glissement limité pour optimiser la motricité, tandis que l'ABS est désactivé. 

Dans l'habitacle, les modifications sont nettement plus visibles. Tous les accastillages, les matériaux isolants et la banquette arrière ont été supprimés tandis que les sièges avant sont évidemment remplacés par des baquets de compétition avec des harnais à 6 points tandis qu'un arceau de sécurité homologué FIA vient assurer la protection de l'équipage. Le tableau de bord est "vidé" également, accueillant un panneau regroupant les différentes commandes via des gachettes ou de gros boutons faciles à utiliser en portant des gants. La commande de la transmission est reprise à de nombreux modèles Stellantis de série et conserve le choix entre Drive et L pour augmenter le freinage régénératif en liaison entre les spéciales. Le freinage sur les secteurs chronométrés étant purement mécanique. Voiture de rallye oblige, la Corsa Electric Rally reçoit un incontournable levier de frein à main hydraulique. Pour le reste, il s'agit d'une petite Corsa électrique "normale", mais nettement plus bruyante avec un système de haut-parleurs à deux niveaux pour que les voitures puissent être entendues par les spectateurs. Effet soucoupe volante garanti !

De manière générale, en cinq ans, la principale évolution de la voiture concerne donc le changement de la face avant suite au facelift du modèle de série. Au total, 30 voitures ont été vendues avec un prix de 49.000 € à l'origine, porté à 53.900 € actuellement. Opel Motorsport précise par ailleurs que les différents exemplaires engagés sur ces presque cinq saisons ont cumulé plus de 44.000 km disputés sur les spéciales et que certaines batteries affichaient plus de 20.000 km au terme de la quatrième saison en affichant toujours 98 % de "State of Health". Dans sa volonté de faire de la compétition autrement et plus proprement, Opel a développé sa propre infrastructure mobile de recharge qui a permis d'effectuer plus de 1400 cycles de recharge pour un total de 2MWh 100 % issus d'énergies renouvelables. Pour ce faire, la structure d'assistance utilise des bornes portatives dotées d'un pack de batteries LFP de 200 kWh, raccordées par défaut au réseau public - au cas où - et disposant de deux ports de charge. Elles peuvent offrir une puissance de charge de 150 kW pour une voiture ou 100 kW quand deux voitures sont branchées. Chaque module affiche une masse de 2700 kg.

Au volant Opel Corsa Electric Rally (2025)

Alors que cette Corsa Electric de rallye a entamé sa cinquième saison et sera remplacée dès 2026 par la Mokka GSE Rally, nettement plus puissante et profitant d'un développement "course" plus poussé, Opel nous a invité à tester la Corsa sur la piste de Rallyecross de Valkenswaarde aux Pays-Bas. "Tester une Corsa de 136 ch sur une piste conçue pour des monstres de 600 ch, waw, ça va être fun tiens !" avons-nous pensé initialement et... ironiquement. La suite nous prouva qu'il faut parfois se méfier des apparences ! 

Harnaché dans un habitacle très "course", la procédure de démarrage nécessite de pousser sur le bouton Start/Stop à deux reprises après avoir validé le bon "menu". Ensuite, il suffit de placer le levier de transmission sur Drive et de démarrer. Certes, la cavalerie n'a rien de démentiel, surtout au regard de la masse de la voiture, mais la puissance est aussi disponible immédiatement. Dès lors, si la poussée n'a rien d'exceptionnel, l'arrivée quasi-instantannée du couple impose de respecter certaines règles une fois que les roues évoluent sur une surface meuble. De la terre graveleuse dans notre cas, qui alterne avec des portions d'asphalte. Garder les roues bien droites est donc impératif pour obtenir une motricité digne de ce nom, car cette petite Opel de rallye reste une traction. 

Néanmoins, cet aspect nécessite une petite nuance. Oui, elle réclame un peu de circonspection à la réaccélération sur surface glissante - sur l'asphalte, le couple passe au sol sans problème - mais louons l'efficacité du différentiel qui facilite un contrôle aisé et une capacité directionnelle toujours probante. Par cntre, lorsqu'il s'agit de balancer la voiture dans une courbe, surtout sur le gravier, la répartition parfaite des masses 50-50 et le centre de gravité très bas induisent un équilibre proche d'une sportive à moteur central, la Corsa tournant autour d'un axe virtuel situé au milieu de la voiture, plus ou moins là où vous êtes assis. Il en résulte une maniabilité surprenante, une réactivité immédiate aux injonctions du volant et un caractère très joueur à la demande dans les portions de glisse. 

Sur asphalte, la stabilité de cette petite traction est presque déroutante et permet de taper dans les freins - du pied gauche - avec conviction et confiance tandis que les changements de direction sont francs et vifs avec une caisse qui prend très peu de roulis. Très vite, on se surprend à jouer sur les transferts de masse, à user du frein à main hydraulique dans l'épingle du circuit et à regretter qu'il n'y ait pas davantage de peps sous la pédale de droite. Débarrassé du stress lié à la gestion des passages de rapports, on peut se concentrer sans arrière-pensées sur le timing du freinage, la précision des trajectoires et le maintien de la glisse sur terre. Bref, on s'amuse énormément et l'absence de bruit "classique" venant d'un moteur thermique ne vous vient jamais à l'esprit. Avec près de 1400 kg en mouvement pour à peine 136 ch, nous nous attendions à une expérience lénifiante, il n'en fut rien.

Verdict Opel Corsa Electric Rally (2025)

En dépit d'une puissance limitée et d'une masse importante, cette Opel Corsa Electric de rallye s'érige en excellente formule d'apprentissage et permet d'optimiser le travail sur les trajectoires, la gestin du freinage et la maîtrise de l'adhérence en toute sérénité grâce à une propulsion électrique qui simplifie le pilotage sans pour autant l'édulcorer. Accessible au volant autant que sur le plan financier, la coupe monomarque du Blitz a ouvert la voie à une manière différente - et plus propre ? - de faire du rallye. Au final, nous avons pris énormément de plaisir à découvrir les joies et spécificités du rallyecross et de la conduite sur terre avec cette Corsa pas comme les autres. Mieux, elle nous a donné envie d'essayer son remplaçant, le Mokka GSE Rally qui double sa puissance et profite d'un châssis plus perfectionné. Allô Opel ? C'est quand vous voulez !