Le Groupe français choisit de se recentrer sur la discipline financière et son cœur industriel, dans un contexte de pression persistante sur les marges de l’automobile. Concrètement, Renault abandonne à la fois la production de ses quadricycles électriques et ses activités d’autopartage. Le Mobilize Duo et sa version utilitaire Bento, avaient pourtant été lancés seulement en avril dernier. Un arrêt brutal qui illustre la difficulté à bâtir un modèle rentable sur le segment étroit des microvoitures électriques, malgré un discours urbain séduisant sur le papier. Nous avions essayé la Mobilize Duo dans les rues de Rome fin 2024.

Zity, c’est fini aussi
Même constat pour le service d’autopartage Zity, déployé à Madrid. Renault reconnaît que ces activités n’ont pas atteint le seuil de rentabilité espéré. Une désillusion qui confirme aussi les limites de l’implication des constructeurs automobiles dans les services de mobilité comme nouvelle source de croissance durable, en plus de la vente traditionnelle de véhicules.
Du côté des particuliers, les microvoitures (version 45 km/h) intéressent surtout les jeunes de familles aisées qui optent pour une telle voiture à la place d’un cyclomoteur… ou des transports en commun. Dans ce cas, la mobilité urbaine n’y gagne rien, sinon des voitures en plus sur la voie publique. Au-delà de ce marché restreint, se pose aussi des questions liées à la sécurité de ces microvoitures (pourtant, avec son airbag, la Mobilize Duo faisait mieux que la concurrence) dès qu’elles empruntent des voies non limitées à 30 ou 50 km/h.

Sauver les services pertinents
La structure Mobilize Beyond Automotive sera dissoute, mais les activités jugées pertinentes seront réintégrées au sein de l’organisation centrale du groupe au losange. Les services liés à l’énergie et aux données – vehicle-to-grid, solutions de recharge et Charge Pass – passeront sous la responsabilité de Fabrice Cambolive, directeur de la croissance de Renault. Il s’agit désormais de soutenir les ventes de véhicules électriques et non plus exister comme activités indépendantes.
En outre Renault réduit son plan d’installer 650 stations rapides en Europe d’ici 2028, au profit d’un déploiement plus limité (environ 100 stations en France et un peu plus en Italie d’ici fin 2026), tandis que la Belgique et l’Espagne sont sorties du programme, au nom d’investissements plus sélectifs.

L'après-Renaulution
La réorganisation entraînera la suppression d’environ 80 postes et symbolise la rupture de Renault avec la vision de Mobilize portée par Luca de Meo. Ce recul s’inscrit dans un mouvement plus large de désengagement des constructeurs vis-à-vis des services de mobilité, sous la pression des coûts. François Provost entend ainsi recentrer Renault sur ses fondamentaux, en attendant la présentation d’une nouvelle stratégie post-Renaulution début 2026.

Nissan et Renault, deux visions opposées
Cette annonce apporte cependant un éclairage neuf sur le choix du partenaire Nissan de s'associer avec le constructeur espagnol Silence pour commercialiser et distribuer la petite S04 en Belgique notamment. Nous avions interrogé Nissan quant à ce choix plutôt que d'opter pour lesproduits Mobilize conçus et produits au sein de l'Alliance. La réponse parlait alors d'un choix basé sur le produit en tant que tel. On comprend mieux aujourd'hui qu'il s'agissait d'un choix par défaut.
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Cela pose toutefois une autre question : pourquoi Nissan investit-elle dans la micro-mobilité si Renault l'abandonne, estimant qu'il s'agit d'une voie sans issue sur le plan de la rentabilité ? Les deux contextes ne sont pas comparables. Le constructeur français devait assumer les coûts de conception, de développement et de production en plus de la distribution et de l'exploitation de ses produits et service Mobilize. Nissan se "contente" d'un pari en s'associant à un partenaire existant mais non contraignant pour ses activités automobiles. Si cela marche tant mieux. Si le succès commercial n'est pas au rendez-vous, cela ne portera pas vraiment à conséquence sur les finances du constructeur japonais.