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Opinions / Rédacteur sans filtre – 75 ans, et puis…?

Rédigé par Xavier Daffe le 13-10-2022

Quand la fin d’une lignée de coupés mythiques, vieille de 75 ans, signifie le basculement imminent vers l’électrique, on se dit qu’une page se tourne. Définitivement.

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Aujourd’hui, Xavier Daffe, rédacteur en chef du Moniteur Automobile, nous évoque la fin d'une belle époque avec le passage d'une marque mythique au tout électrique.

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Rédacteur sans filtre - Laurent Blairon

Je vous parle d’une marque légendaire, emblématique de l’histoire de l’automobile et plus encore du sport automobile. Une marque née en Angleterre il y aura 75 ans l’an prochain (mais déjà centenaire si l’on comptabilise les prémices de sa fondation). Et qui a produit, que dis-je ? – dessiné ! – quelques-unes des plus belles lignes du design contemporain, toutes disciplines confondues. Si je vous dis Mk2, XK 120 et 150, Type E, XJ et XJ-S, S-Type…, vous aurez compris. Je vous parle bien de Jaguar.

Et si je vous en parle aujourd‘hui, c’est parce qu’hier un laconique communiqué de presse, sous couvert de présentation d’une édition limitée de la F-Type (une série spéciale dit vulgairement), annonçait en réalité une révolution ou plus exactement la fin d’une époque. « Les premières livraisons aux clients sont prévues pour début janvier 2023 – l’année anniversaire des 75 ans des voitures de sport Jaguar, et un moment charnière dans l’histoire de la marque qui s’avance fièrement vers un avenir 100 % électrique dès 2025 ». Bim. Jaguar « fièrement » 100% électrique. En 2025 ! Demain, quoi… Adieu F-Type, digne héritière de la E-Type, des XK, adieu mélodieux 6-cylindres, V8 onctueux, adieu ces odeurs et ces touchers de matière, adieu cette ambiance cosy de pub anglais, adieu aussi ce glorieux passé dont les pontes actuels semblent soudainement honteux.

Oui, une page se tourne les amis. Certes, on sait que l’avenir est électrique pour tous. Est-ce un bien, est-ce un mal ? L’avenir nous le dira. Mais là, quand même, 2025, quoi ! Certes, on sait aussi que l’histoire de Jaguar n’a jamais été un long fleuve tranquille. Qu’elle s’est perdue à un moment donné sous l’égide du sinistre Premier Automotive Group voulu par Jack Nasser, qui est à l’élégance british ce qu’un Big Mac est à une soupe aux truffes VGE de Paul Bocuse. Ce « PAG » alors censé, à une époque, regrouper les marques premiums du géant Ford (avec Aston Martin, Land Rover, Volvo, Lincoln et Mercury; que d’assemblages contre nature !), une entité qui aura fait pschitt assez vite et qui vaudra aux Anglais d’être finalement revendus à un magnat indien, issu de l’ancienne colonie donc, un déplacement soit dit en passant du centre de gravité vers l’Inde qui traduit un basculement de l’histoire.

Nationalisée, revendue, privatisée sous Margaret Thatcher, reprise par Ford, revendue à Ratan Tata, Jaguar se sera longtemps cherché un destin. Et une rentabilité en rapport avec son aura. Une rentabilité que la marque n’a toujours pas trouvée à ce stade et qui nous vaut sans doute aujourd’hui cette fuite en avant qui donne l’impression de faire table rase du passé. Toutes les marques automobiles devront y passer, c’est vrai. Mais Jaguar n’est pas – n’était pas – une marque comme les autres, et c’est pourquoi la force du symbole du basculement vers l’électrique s’apparente à un tsunami.

Personnellement, il me restera à l’esprit la musique extraordinaire du V12 atmo des XJR-9 et XJR-12 «Silk Cut» victorieuses des 24 Heures du Mans, respectivement en 1988 et 1990, quand Jaguar, cette année-là, avait d’ailleurs signé un doublé devant… Porsche. Au passage, il s’agissait alors de sa 7e et dernière victoire en date dans la Sarthe. Et sans doute donc de la dernière tout court. Et à titre personnel, il me restera aussi cet incroyable voyage de presse au milieu des années 90 (1996 ?) quand je m’étais vu confier une XK8 Cabrio entre le sud de l’Italie et Bruxelles, avec toute latitude quant au choix de la route. « Hit the road, Xav! », m’avait alors lancé l’attaché de presse. Quelle époque… Car le sentiment de liberté éprouvé alors deviendrait, de nos jours, coupable. Pourtant, il s’agissait sans doute du même sentiment qu’a dû éprouver Bourvil (Antoine Maréchal) au volant de la Cadillac décapotable de Monsieur Saroyan dans le film « Le Corniaud » sur la riviera italienne. Face à cette évolution vers l’électrique, nous sommes tous un peu des corniauds. Mais attention : dans le film, Antoine Maréchal est bien moins naïf qu’il n’y paraît.

 

Rédacteur en Chef Le Moniteur Automobile

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