Le Balocco Proving Ground est un lieu mythique. Situé entre Milan et Turin, ce complexe s’étend sur 5,5 km² et compte 27 pistes d’essai différentes, représentant près de 70 km de plaisir de conduite. Inauguré en 1962, ce site appartenait à Alfa Romeo, mais sert désormais à tester le comportement routier des modèles du groupe Stellantis. Le bâtiment central, cœur de Balocco, fut autrefois le QG d’Autodelta, l’écurie de course d’Alfa, qui y développa les légendaires TZ2 et Tipo 33. Sans oublier quelques voitures de rallye, comme l’Alfetta GTV. Mais ce n’est rien face aux trois icônes garées dans la cour aujourd’hui: la magnifique Stratos, la redoutable 037 et la glorieuse Delta. Un trio mythique dont l’héritage pèse lourd sur les épaules de la nouvelle Ypsilon HF.
Design Lancia Ypsilon HF
Lancia semblait condamné, mais Stellantis lui a offert une nouvelle chance en lui permettant de miser sur le confort et le raffinement. Une orientation premium qui se traduit dans le design de la nouvelle Ypsilon. Et que conserve la version HF, sans tomber dans la démonstration de force.

Certes, la proue adopte un bouclier spécifique, orné de l’incontournable éléphant. Les ailes élargies accueillent des jantes de 18’’ plus larges, chaussées de Michelin Pilot Sport Cup 2. Un diffuseur orne le bas du bouclier arrière et la teinte Lava orange rappelle celle de la Stratos HF Zero Concept signée Bertone. Mais dans l’ensemble, cette compacte sportive reste sobre. Jusqu’à ce que l’on prenne place à bord.
Habitacle Lancia Ypsilon HF
L’intérieur se distingue par sa dominante bleue. Une référence, croyait-on, à l’édition spéciale «Bianco Perlato» de la Delta Integrale Evo2 et son splendide habitacle en cuir bleu. Mais les marketeurs sur place n’en avaient jamais entendu parler. L’idée était de faire différent, avec pour mot-clé un terme à la mode: «éclectique».

Un style qui demande un temps d’adaptation. Mais une fois installé, tout s’éclaire. Les sièges sport se règlent suffisamment bas et offrent un excellent maintien latéral, sans sacrifier le confort. La HF conserve la tablette centrale bien connue, avec un chargeur à induction pour smartphone. Mais dès que l’on presse l’accélérateur, l’engin révèle une tout autre personnalité.
Spécifications et performances Lancia Ypsilon HF
Le groupe motopropulseur de la Ypsilon HF n’est pas inédit. Alfa Romeo et Abarth utilisent le même moteur et la même batterie sur les Junior Elletrica Veloce et 600e. Soit un pack de 54 kWh, une charge rapide de 100 kW et, surtout, un moteur de 280 ch et 345 Nm, mis au point avec Nidec.

Le tout transmis aux roues avant via un différentiel Torsen. Une cavalerie qui permet à la Ypsilon HF de passer de 0 à 100 km/h en 5,7 s, soit bien plus vite que n’importe quelle Delta Integrale Evo. La vitesse de pointe plafonne à 180 km/h, bridée par la démultiplication unique. Suffisant pour une route de montagne, moins pour un circuit doté de grandes lignes droites. Et nous parlons d’expérience.
Cett Ypsilon HF est bien plus véloce que n’importe quelle Delta Integrale Evo.
Pas de vitesses virtuelles ni de palettes pour moduler la régénération et ainsi en user comme d’un «frein-moteur» lors des freinages. Comme toutes les Ypsilon et dérivés du groupe Stellantis, la HF propose une position «B» pour récupérer un peu d’énergie, mais en conduite sportive, l’effet est limité. Pas non plus de générateur de son artificiel ou de fantaisies à l’écran: chez Lancia, on reste classe en toutes circonstances.
Au volant Lancia Ypsilon HF
La session sur la Pista Alfa Romeo a filé en un éclair. On a bien ressenti les reprises foudroyantes de la Ypsilon HF, mais trop concentrés sur la Giulia GTAm qui jouait le poisson-pilote insaisissable, on en a presque oublié d’analyser le comportement. Heureusement, une seconde chance nous est offerte sur un tracé bien plus long: deux tours de la fameuse Langstrecke, une boucle de plus de 20 km que l’on surnomme à raison la Nordschleife italienne. Pas moins de 147 virages, une alternance de bosses et de délestages, sans dégagements ou presque. Par endroits, les rails sont si proches qu’on se croirait dans un tunnel.

C’est ici que le différentiel Torsen fait des merveilles. Il tire la roue intérieure vers le point de corde avec efficacité, assurant motricité et stabilité. La direction manque un peu de ressenti, mais sa rapidité et sa précision permettent de négocier les enchaînements les plus serrés en toute facilité.
Sur la Nordschleife italienne, le différentiel Torsen fait des merveilles.
Lancia a renforcé plusieurs éléments structurels, notamment à l’avant, ce qui améliore nettement la rigidité et donc le caractère directionnel du train avant. L’arrière peut être placé lors d’un transfert de masse, mais sans jamais prendre des attitudes exagérées ou scabreuses. Il faut vraiment le brusquer pour obtenir un peu de mobilité de sa part. Le châssis abaissé de 2 cm et les voies élargies de 3 cm contribuent clairement au dynamisme.

Et grâce aux butées hydrauliques, le confort reste intact, même sur les tronçons de goudron dégradé. Preuve que cette HF n’est pas qu’un jouet de circuit, mais bien une vraie compacte sportive utilisable au quotidien.
Prix Lancia Ypsilon HF
Le sigle HF, né en 1960, signifiait d’abord «High Fidelity», et identifiait un cercle d’amateurs fidèles à Lancia. Il a rapidement acquis une aura sportive, notamment avec les voitures de rallye évoqués. Le logo s’accompagne d’un éléphant rouge, symbole de force, de vitesse et de détermination – clin d’œil à la croyance de Cesare Fiorio, alors patron de l’équipe, que rien ne peut stopper un éléphant lancé à pleine vitesse. Encore faut-il le faire démarrer… Et il reste du travail côté fidélité, car malgré sa relance, Lancia peine à retrouver un vrai impact commercial. La montée en gamme voulue par Stellantis implique aussi des prix plus élevés, ce qui pousse le public traditionnel de l’Ypsilon à lorgner ailleurs. La HF n’est de fait pas donnée, mais à 40.200 €, ses prestations et son équipement en font une offre compétitive.
Conclusion Lancia Ypsilon HF
Comme souvent chez les enfants de champions, ce nom mythique est autant une bénédiction qu’un fardeau. Car assumer une telle succession relève de l’exploit. Il faut saluer le courage de Lancia d’oser encore faire référence à la Stratos, à la 037 et à la Delta… avec une citadine électrique aux origines très modestes. Mais après tout, les premières Delta HF et Integrale reposaient aussi sur un modèle très grand public.
Dans cet article : Lancia, Lancia Ypsilon