Mazda cultive la différence. Une philosophie qui se traduit par des choix techniques audacieux, comme le moteur rotatif Wankel ou le SkyActiv-X, souvent salués mais rarement massivement adoptés. La 6e s’inscrit dans cette lignée singulière, mais avec une mission claire : répondre aux enjeux de l’électrification, tout en conservant l’ADN maison.
Design et dimensions Mazda 6e (2025)
C’est dans ce contexte qu’est née la 6e, une berline électrique développée en partenariat avec le groupe chinois Changan, au sein d’une coentreprise existant depuis plus de 20 ans. C’est depuis le site de Nanjing que sont produits les modèles destinés au marché européen, et donc soumis aux droits de douane décidés récemment par l’Union européenne.
Commercialisée en Chine sous le nom EZ-6, cette berline s’est dévoilée en première mondiale au dernier salon de Bruxelles. Elle repose sur la plateforme EPA1 développée avec Changan, mais s’habille selon les codes du Kodo Design, dans la droite lignée des productions actuelles de la marque. Une excellente chose, tant le design reste l’un des grands atouts de Mazda. Le résultat est à la hauteur : des lignes pures, tendues, élégantes sans être froides, et une silhouette élancée évoquant plus un coupé (notamment via ces vitres sans encadrement) qu’une berline classique.

À contre-courant de l’uniformité ambiante, cette 6e se distingue par sa sobriété maîtrisée, là où d’autres sombrent dans la caricature. Une élégance évidente, qui n’a pas besoin d’être justifiée. Avec ses 4,92 m de long, la Mazda 6e s’impose comme une grande berline 5 portes, proche en gabarit d’une VW ID.7 (4,96 m), et plus longue que la BMW i4 (4,78 m), la BYD Seal (4,80 m), la Hyundai Ioniq 6 (4,85 m) ou la Tesla Model 3 (4,72 m).
Habitacle et coffre Mazda 6e (2025)
L’aménagement intérieur s’inspire de la philosophie japonaise «Ma», qui valorise les espaces vides porteurs de sens, invitant à la sérénité. Un principe appliqué ici avec justesse : le mobilier est épuré, les commandes discrètes. Trop, peut-être. Car cette sobriété visuelle se paie par une ergonomie discutable : les fonctions les plus courantes – essuie-glaces, rétroviseurs extérieurs, modes de conduite, réglage de la régénération, commande du store pare-soleil,… – passent toutes par l’écran central.
Cette berline électrique est donc agréable à vivre, que ce soit derrière le volant ou comme passager. Même si à l’arrière, derrière un conducteur de 1,85 m, on note un dégagement aux genoux généreux, certes, mais pas autant qu’attendu, d’autant que si le siège avant est descendu au maximum, il devient impossible pour l’occupant arrière d’y glisser ses pieds sous l’assise.

Pour ce premier contact, c’est la version Long Range qui nous a été confiée, dans la région de Leverkusen. Dès le premier regard, le charme opère : proportions équilibrées, ligne profilée, élégance sobre. Fidèle à la tradition des Mazda 6, cette version électrique conserve ce souci du détail qui fait mouche. À bord, même satisfaction : matériaux nobles, ajustements irréprochables. La finition Takumi, d’entrée de gamme, offre déjà une belle présentation en gris ou noir. La Takumi Plus y ajoute une touche de raffinement avec du cuir Nappa et de la suédine, dans un ensemble d’une grande cohérence.
Avec près de 5 m de long, cette Mazda 6e joue donc clairement dans le haut du segment, ce qui lui permet d’offrir un coffre de 466 litres (336 sous le cache-bagages), extensible à 1074 litres banquette rabattue, sans oublier les 72 litres du compartiment avant. La vocation familiale est affirmée.
Spécifications, performances, autonomie et charge Mazda 6e (2025)
Côté technique, deux batteries au programme : une lithium-fer-phosphate (LFP) de 68,8 kWh (bruts) pour la version de base, couplée à un moteur de 258 ch, et une lithium-nickel-manganèse-cobalt (NCM) de 80 kWh pour la version Long Range, avec un moteur de 245 ch. Dans les deux cas, le couple atteint 320 Nm. Face au chrono, la version à petite batterie passe de 0 à 100 km/h en 7,6 s contre 7,8 s à la Long Range, la vitesse de pointe étant limitée à 175 km/h dans les deux cas.

Autonomie WLTP annoncée : 479 km pour la version standard, 552 km pour la Long Range. Sur borne AC, les deux variantes acceptent une recharge à 11 kW. En courant continu (DC), en revanche, la version de base supporte une puissance de 165 kW, contre seulement 90 kW pour la Long Range. Résultat paradoxal : 27 minutes pour passer de 10 à 80% sur la petite batterie, contre 47 minutes pour la grande. Une différence liée à la chimie des cellules : les batteries LFP tolèrent mieux les charges rapides et complètes, tandis que les NCM, plus denses, sont plus sensibles à la chaleur et à la dégradation.
Conduite et confort Mazda 6e (2025)
Au-delà des limitations ergonomiques liées au "tout à l'écran", l’expérience de conduite reste zen. Pas de bouton de démarrage : la voiture s’éveille dès que la clé est détectée. Il suffit de sélectionner le mode D pour s’élancer dans un silence absolu. La position de conduite souffre d’une assise un peu haute et d’un volant aux réglages limités, mais le confort global est remarquable. Avec ses suspensions classiques, la 6e offre un filtrage de très bon niveau.
Les 245 ch ne décoiffent pas, mais suffisent largement. Le comportement routier est précis, naturel, engageant, avec une direction bien calibrée et des mouvements de caisse contenus. Le mode Sport paraît superflu, tant l’équilibre général est réussi. Seule absence regrettable : des palettes au volant pour moduler la régénération, qui auraient permis un contrôle plus intuitif et plaisant en conduite dynamique.

Cela dit, au terme de notre essai fait de petites routes départementales très surveillées, de traversées de village, d’un peu d’autoroute et des centres-villes encombres, la consommation s’est stabilisée à un très bon 15,1 kWh/100 km, ce qui aboutirait, si cette consommation devait être confirmée lors d’un essai plus longue durée, à une autonomie potentielle d’environ 500 km. Une bonne première impression, donc, à confirmer sur le plus long terme.
Prix Mazda 6e (2025)
Pour s'attaquer à un segment concurrentiel, Mazda adopte une approche pragmatique et limite son offre à deux variantes techniques combinées à deux niveaux de finition - Takumi et Takumi Plus - pour le moment. Proposant un produit cohérent bien que différent sur certains aspects, elle le fait en outre à prix d’attaque concurrentiel de 42.890 € pour la version à petite batterie, qui sera paradoxalement la plus intéressante à l’usage vu ses facultés de recharge rapide bien supérieure. Pour le particulier, Mazda Belgique octroie pour l’instant une remise de 1.500 €, ce qui porte le prix réel à 41.390 €. Vu le niveau de prestation, c’est un atout.
Aperçu des versions et des prix de la Mazda 6e en Belgique
Verdict Mazda 6e (2025)
La Mazda 6e compte sur une ligne séduisante, sur un traitement intérieur de qualité et a priori sur une consommation maîtrisée pour s’immiscer dans un segment encore naissant de la berline électrique statutaire.
Reste à voir si le choix de performances relativement modestes et l'offre "batteries" à contre-courant de la tendance actuelle à la surenchère permettra à cette séduisante japonaise d'exister sur le marché des flottes, crucial en Belgique.
Dans cet article : Mazda, Mazda Mazda6