La stratégie “produit” raconte la montée en gamme, mais le contexte belge rappelle une réalité têtue : l’occasion pèse lourd, très lourd. En 2024, la Belgique a immatriculé 727.650 voitures de seconde main contre 448.277 neuves (soit ~62 % d’occasions). Au premier semestre 2025, le véhicule d’occasion reste majoritaire (373.810 unités pour 234.616 véhicules neufs). Bref, l’occasion représente en moyenne près de 60 % des immatriculations — un enjeu d’image et de fidélisation que DS ne peut ignorer.
L'exemple allemand
Sur ce terrain, la concurrence allemande domine : Volkswagen et BMW ouvrent la marche, suivies de Mercedes (Peugeot et Opel complétant souvent le top 5). Voilà le plafond de verre de DS : trouver sa place dans un marché VO historiquement trusté par des labels premium puissants et très lisibles.
D’où la mise en avant de DS Certified. L’idée est claire : rapprocher l’expérience d’un achat VO de celle d’un VN, via une sélection “maison”, un reconditionnement standardisé et des engagements qui neutralisent les angoisses usuelles (historique, coûts, valeur). Au menu selon DS : jusqu’à 24 mois de garantie, 120 points de contrôle, essai sans engagement, satisfait ou remboursé, entretien pris en charge pendant une période limitée, et un écosystème de services “Only You”. Le but ? Proposer une expérience premium cohérente, du clic à la livraison, sans se heurter à la comparaison défavorable avec Munich, Ingolstadt ou Stuttgart.
Des promos pour attirer
La marque ajoute des incitants tactiques. Exemple : une remise de 50 % sur l’Easy Wallbox (base 500 € TTC) durant une fenêtre promotionnelle d’octobre, histoire de lever un frein concret à l’électromobilité domestique pour les acheteurs de DS électriques d’occasion. Ce type d’offre typée “usage d’abord” parle plus qu’un slogan — surtout à des primo-électromobilistes qui comparent la facilité d’installation et le coût total.
DS travaille aussi la conversion côté reprise : estimation rapide du véhicule (sur base de la plaque d’immatriculation ou de ses caractéristiques) pour cadrer la valeur et accélérer la décision. Dans un parcours d’achat désormais hybride (web + showroom), c’est un levier indispensable pour verrouiller le financement et éviter les ruptures dans le processus d’achat.

La bonne stratégie ?
Reste la question qui fâche — et qu’il faut poser. DS peut-elle consolider sa base client via l’occasion ? Les chiffres de marché donnent le tempo (le VO belge représente env. 61 % des immatriculations au S1 2025), mais ils n’offrent pas la réponse. Elle se joue à trois étages : promesse, exécution réseau, valeur résiduelle. Sur la promesse, DS aligne désormais un label et des garanties comparables aux standards premium ; sur l’exécution, tout se jouera à la qualité réelle du reconditionnement, à la transparence des historiques et à la constance de l’accueil — exactement ce que les Allemands ont discipliné depuis des années. Sur la valeur, la marque devra installer des repères clairs (finition, motorisations E-Tense, équipements) pour sécuriser la revente, donc la confiance à l’achat.
En toile de fond, le “nouveau neuf” ralentit tandis que l’occasion devient la norme : dynamique 2024, stabilité en 2025, et un avantage structurel pour les VO chez les particuliers. DS le sait et s’aligne, sans révolution, mais avec une exécution qui progresse : label, garanties, services connectés mis à jour, geste Wallbox, estimation express… autant de pièces d’un puzzle cohérent si le réseau suit.
Verdict provisoire. DS fait le bon diagnostic et adopte la bonne méthode : crédibiliser l’occasion pour alimenter le haut de l’entonnoir et préparer des clients au neuf (N°8, N°4). Le marché belge, massivement VO, lui offre une fenêtre. Reste à prouver, voiture par voiture, que DS Certified égale les meilleurs sur la durée. Là se jouera la vraie conquête.