Le Moniteur Automobile a fait partie du groupe restreint de journalistes automobiles qui ont déjà été autorisés à essayer la nouvelle Honda Preluda à Thruxton, un ancien aérodrome transformé en circuit de course permanent après la Seconde Guerre mondiale. Nous avons droit à quelques tours de ce circuit rapide de 3,8 km pour tester en avant-première la sixième génération du coupé sportif japonais. Honda tint à découvrir nos premières impressions, "car la nouvelle Prelude n'est pas un coupé comme les autres".
Spécifications Honda Prelude
La Prelude repose bel et bien sur une plateforme proche de celle de la Civic et reprend la technologie e:HEV hybride autorechargeable, avec un moteur électrique principal et un bloc thermique en renfort. La puissance combinée atteint 184 ch, transmis aux roues avant. La nouveauté, c’est la boîte S+ Shift, qui devrait à terme être proposée aussi sur la Civic. «Disons qu’il y a de fortes chances», glisse un ingénieur. Il ne dira rien de plus.
C’est clairement la boîte S+ Shift qui concentre l’attention. Sa spécificité? Simuler des changements de rapports dans une transmission qui, en réalité, n’en dispose pas. Le moteur électrique entraîne directement les roues avant, via une réduction unique, mais via un embrayage piloté, le termique peut apporter sa contribution dans certaines circonstances. Les 184 ch et 315 Nm sont ainsi disponibles sur une large plage de régimes. Mais Honda crée l’illusion d’une boite pilotée à double embrayage: le moment venu, le moteur thermique coupe brièvement les gaz, simulant un passage de rapport. L’effet est bluffant. Huit rapports «virtuels», des palettes au volant et une sensation mécanique proche de celle d’une transmission traditionnelle.
Le résultat? Une expérience de conduite dynamique et crédible, surtout en mode Sport. Chaque mode de conduite dévoile sa personnalité. En mode Confort, les transitions sont douces et fluides, façon slow langoureux des années 80. En mode GT, le rythme s’intensifie. Et en mode Sport, la fonction Short Shifter prend le relais pour pousser les montées en régime.
Rien à voir avec les moteurs VTEC atmosphériques d’antan prenant 9000 tr/min. Ici, le 2 litres fonctionne en cycle Atkinson et plafonne à 6000 tr/min. La sonorité, bien travaillée et amplifiée par les haut-parleurs, reste agréable, surtout en mode Sport où un sifflement métallique évoque presque un turbo. Si l’envie vous prend de jouer des palettes, le plaisir est là. Mais en mode automatique, la Prelude devient aussi douce et docile qu’une Civic.
Au volant Honda Prelude
Honda nous a accordé trois tours avec la Prelude à Thruxton. Un circuit avec un nom, une renommée qui vient surtout de la vitesse moyenne élevée que l'on peut y atteindre. À l'exception d'une chicane juste avant la ligne droite d'arrivée et d'une combinaison gauche-droite traîtresse, vous n'avez jamais vraiment besoin de lever l'accélérateur. Et c'est là que le bât blesse. En raison de l'absence de relief, il faut une certaine connaissance du circuit pour savoir exactement où tourner.
Pour nous échauffer, nous avons d’abord pris le volant d’une Civic de série, avant de découvrir la Prelude. Si les principes de suspension s’inspirent de la Civic Type R, les réglages sont ici assouplis (flexibilité des ressorts, raideur de l’antiroulis,…), privilégiant le confort sans négliger la rigueur.
Et cela fonctionne: dès les premières courbes, la Prelude se montre précise, accrocheuse, avec un train avant incisif. L’arrière pompe légèrement dans les longues courbes rapides, mais sans jamais nuire à la stabilité. Rien à voir avec la Civic de base. On est toutefois loin de la radicalité d’une Type R, ce qui est évidemment voulu.
Honda positionne clairement la Prelude comme une GT, dynamique mais confortable. Son poids a priori contenu – sous les 1.500 kg – et la réactivité électrique compensent en partie le déficit de puissance. La suspension, à la fois précise et bienveillante, semble pensée pour un usage quotidien plaisant.
Concept Honda Prelude
Retour aux stands. Trois tours, c’est peu. Difficile d’émettre un jugement définitif. Mais quelques éléments se dégagent. Non, la Prelude ne remplace pas la Type R, qui s’éclipse en fin d’année. Et non, ce n’est pas juste une Civic coupé – même si leurs intérieurs sont très proches.
Honda l’assure: la Prelude vise un cran au-dessus. Leur métaphore du planeur nous parle: une machine à la fois efficiente et gratifiante à piloter. Une voiture pour connaisseurs en quête d’une alternative. La Prelude évoque d’ailleurs par moments la CR-Z du début des années 2000, petit coupé hybride au charme discret… mais incompris. Subira-t-elle le même sort? Trop tôt pour le dire.
Avec 184 ch, certains la jugeront trop sage pour une vraie GT. Mais son couple instantané et sa relative légèreté lui donnent du répondant. Elle n’est pas faite pour le circuit, et Honda ne le prétend pas. Est-ce une voiture de tous les jours? Pas forcément. Mais c’est un coupé 2+2, avec des places arrière d’appoint, pensées aussi comme espace de rangement.
Conclusie Honda Prelude
Il faut voir cette Prelude comme un choix assumé: un coupé pour hédoniste, qui va à l’essentiel. Plaisir de conduite, style affirmé, nom mythique et transmission innovante. Si elle coche toutes ces cases, ce sera déjà une très belle réussite. Mais sera-ce gage d'un succès commercial ? En découvrant cette Prelide, nous avons spontanément eu des flashbacks de la CR-Z du début du siècle. Également un coupé hybride Honda. Mais qui n'avait pas été compris.
Attention, nous ne voulons pas encore rendre ce verdict (sévère), car le test avec le prototype était trop court et les informations obtenues trop succinctes. Même si, à première vue, la clientèle visée et le marché potentiel s'avèrent intrinsèquement restreints.
Nous croisons donc les doigts pour que l'essai plus approfondi prévu cet automne nous donne tort. Et nous prions secrètement pour l'arrivée d'une version plus puissante avec le badge Type R à l'arrière.
Dans cet article : Honda, Honda Prelude
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