Concept Lotus Emira Turbo SE (2025)
La Lotus Emira s’érige théoriquement en dernier modèle de la marque doté d’une motorisation thermique. Commercialisée en avril 2022, la remplaçante de l’Evora était d’abord lancée avec un V6 3,5 l compressé d’origine Toyota, associé à une boîte mécanique ou automatique à 6 rapports et développant 400 ch. Elle était accompagnée d’une variante Turbo animée par un 4 cylindres 2,0 l suralimenté de 360 ch fourni par Mercedes-AMG. Plus précisément, il s’agissait du moteur de la Mercedes-AMG A45. L’Emira Turbo (retrouvez notre essai ici) imposait cependant la boîte automatique DCT à 8 rapports, elle aussi fournie par Mercedes-AMG. Alors qu’elle atteint l’âge de mi-carrière, la petite Lotus voit sa présence au catalogue plus que jamais confirmée face à une demande pour des sportives électriques bien en deçà des attentes. Mieux, le constructeur britannique a décidé de compléter l’offre avec une troisième variante, l’Emira Turbo SE.

Concrètement, il s’agit d’une Emira Turbo dont la puissance est portée à 406 ch pour un couple de 430 Nm (au lieu de 360 ch et 430 Nm), toujours couplée à la transmission DCT à 8 rapports dont la gestion aurait été optimisée pour des passages à la fois plus rapides et plus doux. Sur le plan des performances, cela se traduit par une vitesse de pointe de 291 km/h et un 0 à 100 km/h en 4,0 s (275 km/h et 4,4 s respectivement pour la Turbo). Elle devient donc plus performante que l’Emira V6 SE qui égale sa vitesse de pointe mais lui concède 0,3 s dans le sprint jusqu’à 100 km/h. Pour le reste, l’Emira bénéficie également d’un refroidissement optimisé et d’un arsenal ADAS amélioré.
Esthétiquement, guère d’évolution pour cette nouvelle variante, à l’exception des badges spécifiques. On ne s’en plaindra pas tant la ligne de cette Emira est superbe. Avec ses airs de supercar, elle attire les regards, même ceux des motards ! Sur la courte durée de notre essai, nous avons été interpellé par plus d’une dizaine de bikers, n’hésitant pas à freiner ou accélérer pour nous signifier d’un pouce levé leur appréciation quant à notre monture. Et cela va du barbu façon ZZ Top sur sa Harley à la demoiselle en combinaison intégrale au guidon d’une Kawasaki aussi rutilante que tonitruante ! Des réactions qu’on n’expérimente que très, trop, rarement…

Autre précision, peut-être anodine, mais cette Lotus peut être utilisée au quotidien. La combinaison entre le coffre derrière le moteur et l’espace de rangement au dos des sièges permet même de faire ses courses hebdomadaires ou de partir en vacances à deux… avec un peu de souplesse pour les bagages et la destination !
Au volant Lotus Emira Turbo SE (2025)
Nous avons donc pu prendre le volant de la nouvelle Lotus Emira Turbo SE. Anecdote intéressante, la voiture mise à notre disposition sortait de quatre journées d’utilisation sur circuit et n’avait pas bénéficié d’un quelconque entretien intermédiaire. Ceci explique que nous ayons dû composer avec quelques messages d’alerte – niveau d’huile moteur bas ou boîte de vitesses non fonctionnelle – qui se sont toujours avérés « erronés », les messages disparaissant d’eux-mêmes. Mieux, la voiture nous a gratifiés d’une fiabilité exemplaire, sachant que nous avons effectué plus de 1000 km à son volant en deux jours et demi. Seules séquelles (légèrement) sensibles de ce précédent intermède sur piste, les pneus affichaient une usure marquée, mais pas excessive et les plaquettes de freins usées imposaient une attaque à la pédale moins franche, sans perte d’efficacité cependant. Cela démontre le sérieux de la conception et de la mise au point de cette Lotus.
Dès lors, revenons-en au ressenti derrière le volant et aux évolutions sensibles ou non de cette Turbo SE par rapport à la Turbo testée en mai 2024 sur les B-roads anglaises. Première vraie différence, « notre » SE était équipée du Pack Touring et donc de la suspension plus typée « confort ». Un changement qui se ressent immédiatement lorsqu’il faut évoluer à basse vitesse, les routes de campagne wallonnes n’ayant rien à envier à leurs homologues britanniques en matière de revêtement dégradé et exigeant. Ajoutez-y des sièges au dessin parfait, quoique toujours un peu étroits au niveau des hanches, et vous obtenez un ensemble très confortable pour une sportive de cet acabit. Certes, on n’atteint pas ici le moelleux d’une Classe E, mais nombre de gros SUV électriques et autres pachydermes actuels – hauts sur pattes ou non – se révèlent bien moins conciliants avec votre dos et votre séant. Un aller-retour Liège-Francfort nous aura laissés frais comme un gardon. Même l’insonorisation de l’habitacle étant plutôt probante… sauf si vous êtes allergiques aux bruits de turbo ! Entre succion, décharge et soufflante, la suralimentation vient animer vos évolutions, quel qu’en soit le rythme. Amusant, parfois teinté de nostalgie, cet environnement auditif plus marqué que sur la Turbo normale ajoute au charme de l’Emira « quatre cylindres ». Pour les mélopées lyriques, voyez la V6. Pour clore ce chapitre confort, notons que les améliorations apportées à la gestion de la boîte de vitesse DCT se ressentent à la montée des rapports tandis que les évolutions à basse vitesse restent parfois un peu saccadées même si le problème est atténué.

Sur le plan des performances, l’apport des 40 chevaux supplémentaires se ressent surtout sur la deuxième moitié du compte-tours, avec une allonge plus sensible. À la réaccélération, l’effet turbo se ressent lui aussi davantage, mais reste très facilement contrôlable, la motricité ne souffrant pas la critique… sur route sèche. Un revêtement gras ou humide inciterait peut-être à nuancer ce constat. Alors, vous profiterez de l’équilibre exquis de ce châssis ô combien compétent ! Très neutre à l’inscription, le comportement devient un rien survireur en virage rapide lorsque la courbe se referme tandis que la voiture pivote aisément sur son axe à la demande. Vive mais progressive, la Lotus justifie alors pleinement sa direction « à l’ancienne », à la fois un peu lourde et très directe.

En bonne sportive à moteur central « old school », l’Emira impose de bien tenir son volant à haute vitesse car chaque raccord, chaque déformation, chaque ondulation du revêtement se ressent et influe sur la trajectoire. Disons que cela impose au conducteur d’être impliqué et c’est tant mieux ! Pour autant, les aides à la conduite sont fonctionnelles et efficaces, permettant d’envisager de longs trajets autoroutiers sans sourciller.
Mais cette Lotus est avant tout faite pour s’amuser sur les petites routes de campagne sinueuses et vallonnées à souhait. Dans ce cadre, la plus si petite – et plus du tout légère – anglaise excelle et garantit un plaisir inextinguible. Deux petits bémols cependant, il lui manque alors le plaisir d’une musicalité noble et d’un levier de boîte de vitesses à manier soi-même… Mais, attendez ! Lotus à ce qu’il vous faut alors : une Emira V6 SE !
Verdict Lotus Emira Turbo SE (2025)
Si elle ne chamboule pas les repères pris au volant de la Turbo « tout court », cette Lotus Emira Turbo SE lui ajoute un peu de peps, un peu de « drama » auditif via un turbo encore plus présent et un peu de raffinement au quotidien. Elle nous rappelle surtout combien une belle voiture, dotée d’un bon moteur et d’un excellent châssis peut être jouissive à conduire… en toutes circonstances ! Reste juste à trouver 111.800 €, voire 121.070 € pour notre exemplaire...
Retrouvez notre essai vidéo de la Lotus Emira Turbo !
Dans cet article : Lotus, Lotus Emira