Coin de la rédaction / Rédacteurs sans filtre - Le design des voitures électriques, obligatoirement être différent ?

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Cette semaine, nous leur avons demandé si le design des voitures électriques devait obligatoirement être différent.

Les moteurs électriques, plus compacts, et l’installation de la batterie au plancher proposent des architectures nouvelles et un autre équilibre des masses. Le porte-à-faux d’une voiture électrique peut être très réduit, en repoussant les roues aux extrémités. De plus, de nouveaux espaces se libèrent. Le plus connu est le « frunk », le désormais fameux coffre à l’avant. Cela a évidemment un impact au niveau esthétique, tout comme la recherche d’une aérodynamique optimale.

Dès lors, le design d’une voiture électrique peut se distinguer nettement de celui d’une voiture thermique « classique ». De plus, les designers peuvent être tentés de forcer le trait des voitures électriques pour qu’on puisse mieux les identifier comme telles dans la circulation. Néanmoins, le public aime bien retrouver ses points de repère. Être trop audacieux pourrait décontenancer. Il doit y en avoir pour tous les goûts… Preuve en est, les phénomènes du rétrofit et du restomod.

Oui, les voitures électriques doivent être conçues différemment, tout simplement parce que la conception actuelle (ou traditionnelle) des voitures découle trop des limites spatiales d'un moteur à combustion interne. Pourquoi avoir un long "capot", à part la zone de déformation, si vous n'avez plus de moteur pour remplir cet espace ? Cela signifie simplement une perte d'espace pour les passagers. J'aime que la Volkswagen ID.3 puisse se vanter d'avoir la taille d'une Golf, mais l'espace intérieur d'une Passat. Au moins, c'est un progrès.

Ce qui ne veut pas dire que toute voiture électrique doit avoir un look futuriste. Il faudra un peu de temps pour s'habituer au design de cette première génération de véhicules électriques dotés d'une plate-forme unique, mais les futurs modèles aux proportions attrayantes ne manqueront pas de voir le jour. Je suis particulièrement curieux de voir ce que des marques telles que Ferrari, Lamborghini et Aston Martin vont faire pour démarrer leurs aventures électriques. Après tout, les moteurs rugissants doivent faire place à un autre type d'expérience...

Il n’y a certainement pas d’obligation. Juste une volonté de la part d’une majorité de constructeurs de mettre sur le marché des voitures électriques, reconnaissables comme telles. Cela dit, la technologie électrique permet effectivement quelques latitudes au niveau du design. Plus de gros blocs à pistons à caser, plus de vrai système d’admission d’air ou d’échappement, plus de boîte de vitesses… Juste une batterie de bonne taille à loger quelque-part, le plus souvent sous le plancher, un ou deux petits moteurs (pas plus gros qu’un ballon de foot) et tout le reste peut être réorganisé.

Certains en profitent pour faire évoluer le style vers quelque chose de plus futuriste, comme Kia, Porsche ou Volkswagen. D’autres, comme Fiat ou Hyundai (avec une Ioniq 5 qui reprend les gimmicks de la célèbre Pony des années 70) capitalisent sur le passé, comme pour adoucir le choc technologique. Mon canon parmi les voitures à électrons ? J’aimerais bien vous le donner… mais rien ne vient d’instinct. Une chose est sûre, si rien n’est obligatoire, les designers « branchés » ont encore tout à inventer !

Un designer est avant tout un concepteur. Au delà du style, on oublie souvent qu'il y a des contingences techniques et réglementaires - sécurité, consommation, etc. - qui influencent les choix de style. À cela s'ajoutent les désidératas des départements marketing. La voiture électrique, c'est la technologie du futur offerte dès aujourd'hui, alors il faut que ça se remarque. Sauf quand l'opinion publique s'en mêle !

Si les premiers modèles électriques - au même titre que les hybrides comme la Prius par exemple - ont délibérément adopté des lignes "différentes" et futuristes, cette tendance s'est heurtée à la perception du public. Certes, de nombreux clients particuliers achètent une voiture électrique par conviction et sont donc ravis que ce choix se distingue au premier coup d'oeil. S'il est rare que des modèles purement électriques adoptent un look déjà connu au sein de la marque, il en va autrement des modèles classiques électrifiés bien entendu, dont la parenté technique avec les modèles thermiques impose de jouer sur le détail (calandre pleine, jantes spécifiques, accents bleutés, etc.).

La différence de style des électriques nait donc avant tout d'une réalité technique différente qui offre davantage de choix dans les proportions et les volumes, mais cela ne doit pas empêcher de conserver ou de revenir à des formes de carrosserie plus classiques, plus "valorisantes" ou rassurantes pour le consommateur lambda qui passera à la voiture électrique par obligation, par défaut ou par choix économique. Dans le fond, les voitures électriques les plus vendues sont les Tesla et on ne peut pas dire qu'elles arborent un design si atypique que ça. Preuve que la différence de fond n'impose pas obligatoirement de différence de forme !