Une voiture pour les gens, c'est bien. Un bolide pour les riches, c'est mieux. Parce que les marges sont plus importantes. Mais tout autant parce que le prestige d'un modèle aussi exclusif rejaillit sur le reste de la gamme. Des modèles de masse qui eux-mêmes permettent de financer le développement de ces modèles spéciaux.
Une tactique souvent utilisée dans le monde de l'automobile et à laquelle BYD recourt également. Avec Yangwang et sa U9, les Chinois espèrent non seulement séduire les plus fortunés, mais l'aura de cette supercar devrait aussi apporter un peu plus de glamour aux Seal et Tang.
Records Yangwang U9 (2025)
Une tâche ardue pour laquelle il vaut mieux mettre le paquet. Et BYD semble l'avoir bien compris. La U9 n'a pas seulement l'air très rapide, elle l'est. Elle l'a prouvé. Avec une vitesse de pointe de 496,22 km/h, l'hypercar est officiellement la voiture de série la plus rapide de tous les temps.
Et ce véhicule n'a pas encore abattu sa carte technique sur la table ! L'ingéniosité que BYD a mise dans cette U9 relègue, par exemple, le Rimac Nevera au rang d'antiquité. Bien sûr, la Rimac Nevera. Et bien d'autres hypercars électriques que nous ne connaissons pas. Ha oui, désolé, nous avions oublié de préciser que cette Yangwang est un véhicule électrique ?
Design et aérodynamique Yangwang U9 (2025)
Un "détail" qui ne se remarque qu'au niveau de la poupe, marquée par l'absence de sorties d'échappement. En outre, la Yangwang respecte tous les codes esthétiques attendus d'une hypercar de cette envergure. Basse, avec une monocoque en fibre de carbone (apparemment du type encore plus léger que l'on utilise dans l'aérospatiale), un nez menaçant, de grandes jantes de 21 pouces et des passages de roues évasés.
Et bien sûr, il est équipé des évents nécessaires (6 au total) pour guider l'air sous et à travers la carrosserie. Aussi bien pour optimiser le refroidissement que pour générer l'appui aérodynamique nécessaire pour conserver cette U9 au sol à plus de 400 km/h.

La combinaison du splitter et de l'aileron réglable - qui s'articule selon quatre angles de 0 à 20 degrés - génère ainsi un maximum de 200 kg d'appui. Si vous en voulez un peu plus, optez pour l'aileron à mat en col de cygne de la taille d'une table de pique-nique que vous pouvez ajouter en option. Il ajoute 80 kg d'appui supplémentaire.
Notez toutefois que l'Extreme - le dérivé de la U9, encore plus hardcore - a battu le record de vitesse susmentionné uniquement grâce à cette dérive verticale sur le capot arrière. Par conséquent, si vous souhaitez vous rapprocher de l'horizon le plus rapidement possible, mieux vaut se passer de l'étagère sur le popotin.
Habitacle et coffre Yangwang U9 (2025)
C'est peut-être la partie de l'U9 qui nous a le moins convaincus. Cependant, comme BYD nous y a habitués, tout affiche une très bonne qualité de fabrication, et les matériaux sont également d'une certaine qualité.
Maintenant, la qualité est évidente mais ne reprend pas les codes du haut de gamme traditionnel. Ne cherchez pas du cuir de taureaux ayant passé leur vie dans un centre de bien-être de l'Himalaya ou des incrustations en aluminium battues à la main par un orfèvre. La U9 reste dépourvue de ce luxe "à l'ancienne". Il en résulte une finition quelque peu terne. Ce n'est pas exactement ce que l'on attend d'une voiture exotique de ce calibre.

Il en va de même pour l'infodivertissement. Les compteurs sont les mêmes que toutes les BYD, tandis que même le mini-écran LED vertical de 12,3 pouces n'offre pas d'emblée l'éclat d'une voiture exotique. Il pourrait et devrait être meilleur.
Le fait que les portes battantes électriques se referment en tapant dessus une fois ou que la voiture puisse sauter ou danser (vraiment !) n'y change rien.
Motorisation et performances Yangwang U9 (2025)
BYD se gargarise d'être avant tout une société d'ingénierie. Si cela ne transparaît pas immédiatement à l'intérieur - où l'on n'accorde que peu de crédit à la technologie et où elle est donc négligée - il en va autrement des technologies qui se cachent sous la carrosserie. La U9 repose sur la plateforme e4, une sous-structure qui tire son nom des quatre moteurs électriques qui propulsent cette Yangwang vers l'avant.
Chaque moteur synchrone monte en régime jusqu'à 21.000 tours (30.000 tours sur l'Extreme), vitesse à laquelle chacun produit un maximum de 327 ch. Si l'on additionne ces chiffres, on obtient une puissance totale de 1308 ch. Soit 2 ch de plus que ce que les Chinois déclarent officiellement...

Ajoutez à cela un couple de 1680 Nm et vous comprendrez qu'il vaut mieux ne pas déjeuner trop copieusement si vous avez l'intention de tester le launch control dans la foulée. Bien que ce coupé accuse près de 2,5 tonnes sur la balance, le 0 à 100 km/h est abattu en 2,36 s. Après quoi la U9 continue à vous coller au fond du siège jusqu'à ce que le limiteur s'arrête à 309 km/h.
La Yangwang n'a d'ailleurs pas encore atteint sa limite. Les Chinois affirment qu'elle pourrait pointer à 375 km/h. Comme nous l'avons déjà mentionné, la version Extreme rend les choses encore plus folles. Mais elle dispose, il est vrai, d'une puissance de 2937 ch...
Batterie, charge et autonomie Yangwang U9 (2025)
En jetant un oeil sous la U9, on découvre le dessous de la fameuse batterie Blade. Les cellules LFP font également partie intégrante de la structure. Une construction cellule to chassis qui profite à la fois à la rigidité générale et au package technique de l'U9.
Bien entendu, elle fait appel à une architecture en 800 volts (dans la U9 Extreme, cette tension est d'ailleurs portée à 1200 volts). La Yangwang se charge donc aussi vite qu'elle se décharge. C'est important, surtout en ce qui concerne la décharge. Notez que même avec une batterie quasi vide, vous conservez l'accès à toute la puissance, ce qui n'est pas forcément toujours le cas avec les voitures électriques à hautes performances.
D'autres chiffres qui donnent le tournis ? Les semi-conducteurs sont constitués de carbure de silicium de dernière génération. Cela permet non seulement de doubler la capacité par rapport aux semi-conducteurs ordinaires, mais aussi d'augmenter l'efficacité à 99,8 %. En d'autres termes, l'U9 réagit plus vite ET consomme moins (bien que ce dernier point soit relatif).

La Yangwang est équipée de série d'un port de charge dans chaque aile arrière. Des prises dans lesquelles il est possible d'insérer simultanément une fiche CCS. Cela explique pourquoi la puissance de charge rapide maximale est de 500 kW. La recharge de 30 à 80 % devrait donc être effectuée en 10 minutes.
Nous pensons spontanément au refroidissement exceptionnellement efficace qui maintient les batteries à la bonne température dans toutes les conditions. Des solutions techniques, pièce par pièce, que la guilde européenne d'aujourd'hui ne peut qu'envier.
Il est donc d'autant plus étrange que la batterie de cette U9 limite sa capacité à seulement 80 kWh. Selon le cycle chinois CLTC, cela devrait vous permettre de parcourir 450 km. Autant dire que la valeur WLTP sera d'office moins généreuse et que, dans la pratique, vous pourrez probablement la diviser par deux.
Vous devrez donc vous rendre régulièrement à la wallbox. Il faut surtout espérer pouvoir y rester suffisamment longtemps. En effet, l'onduleur interne fourni par Yangwang n'absorbe qu'un maximum de 7 kW en courant alternatif. Voilà qui fait tache sur une hypercar !
Conduite et confort Yangwang U9 (2025)
Nous avons pu faire deux tours sur la piste d'essai de BYD. Nous avons parcouru 2,4 kilomètres, derrière une voiture pilote (qui n'a jamais ouvert l'accélérateur plus qu'à moitié) et avec un accompagnateur à nos côtés qui a freiné de temps en temps. Comme à l'auto-école, une pédale supplémentaire était montée à la place du siège latéral.
Nous resterons donc assez mesurés quant au comportement dynamique de cette U9. Mais, d'après ce que nous avons pu constater, il semble que cette Yangwang ne soit pas seulement rapide en ligne droite. Des compétences que nous attribuons principalement au système de contrôle actif de la carrosserie DiSUS-X. Une suspension active particulièrement avancée qui ajuste non seulement l'amortissement en temps réel en fonction des capteurs et de l'état de la route, mais aussi le roulis de la carrosserie.

Le système hydraulique peut également soulever l'U9 jusqu'à un maximum de 7,5 cm, à une vitesse de 500 mm/s. Yangwang calcule brièvement que cela équivaut à une capacité de levage instantanée de 1 tonne. En d'autres termes, il faut déjà y aller très fort si l'on veut comprimer les suspensions de cette hypercar électrique chinoise.
Ce qui a été immédiatement perceptible, ce sont les virages que nous avons pu prendre à une certaine vitesse. Cet engin ne bouge pas ! Rien ne penche, rien ne plonge ou ne saute. Une intransigeance qui vous permet de viser la corde sans effort et sans dévier d'un millimètre par la suite. Même à plein régime, la U9 reste sur la trajectoire tracée. C'est le grand avantage de ces quatre moteurs contrôlables individuellement.
Même si vous restez immobile, le plaisir n'est pas terminé. Comme nous l'avons mentionné au début, la U9 peut aussi sauter et danser. Toujours grâce au système intelligent de contrôle actif de la carrosserie DiSus-X, qui peut faire varier la hauteur des jambes de force individuellement ou les soulever toutes en même temps. C'est un vrai jeu d'enfant, c'est certain. Mais est-ce que c'est quelque chose qui séduira le client moyen d'une Ferrari.... ?
Prix Yangwang U9 (2025)
BYD souhaite déployer la marque Yangwang dans un premier temps dans l'hémisphère et au Moyen-Orient. C'est d'ailleurs sur ce dernier marché que les Chinois attendent le plus de salut de l'U8, un PHEV tout-terrain ultra-luxueux qui entend déployer son tour de force technologique - dont une part importante est partagée avec l'U9 - avant tout pour le confort.
L'Europe ne suivra pas avant 2027, et il est donc peu probable que l'U9 soit encore disponible à cette date. Et encore moins à quel prix. Si vous souhaitez vous lancer dans l'aventure de l'importation, sachez qu'il est en vente en Chine au prix (converti) de 230.000 euros.
Conclusion Yangwang U9 (2025)
Le U9 est tout simplement sensationnel. En termes de prouesses électriques, cet appareil fait tout simplement exploser ses concurrents. Une avance technologique qui se traduit par des performances tout aussi impressionnantes. A ce titre, l'appartenance au club des hypercars est plus que méritée.
Seulement, il faut plus qu'une fiche technique pour être admis dans l'élite. Un pedigree, une grille d'échappement appropriée et/ou un prix exorbitant (nécessaire à l'exclusivité) sont également nécessaires pour en faire partie. Des passe-droits que Yangwang n'a pas. Ou plus exactement : n'a pas encore...