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Coin de la rédaction / Rédacteurs sans filtre - Les étoiles Euro NCAP ont-elles encore du sens ?

En intégrant les aides à la conduite et autres assistances de sécurité dans sa cotation, tout en faisant évoluer la pondération de ses cotations presque d’année en année, l’Euro NCAP ne dénature-t-il pas la valeur de ses étoiles tant convoitées ?

Au-delà de leur rigueur journalistique et de leur point de vue de professionnels de l’automobile, les membres de la rédaction sont avant tout des automobilistes et des citoyens lambda. Dans « Rédacteurs sans filtre », c’est le cœur qui s’exprime avant tout ! Cette semaine, nous leur avons demandé si les étoiles Euro NCAP ont encore un sens.

En 35 ans d’existence, la classification de l’EuroNCAP a permis de renforcer la sécurité des voitures. C’est indéniable. Toutefois, les législations internationales ont maintenant pris le relais et imposent des normes plus sévères. Ce qui finit par rendre les résultats de l’organisme moins percutants. Mais l’EuroNCAP reste utile, notamment pour détecter d’éventuels manquements.

Cependant, la focalisation sur la sécurité active tend à biaiser les étoiles. Ainsi, les voitures low cost sont de facto défavorisées. Tout simplement parce que leur arsenal d’aides électroniques est moins sophistiqué. Et en étant fortement pénalisé par ce « service minimum », le résultat final efface quelque peu les scores obtenus en sécurité passive. Ces derniers ne sont pas forcément « 5 étoiles », mais moins dramatiques que ce que pourrait laisser croire la cotation finale.

EuroNCAP veille pourtant à adapter les tests et les cotations aux évolutions technologiques. La première « 5 étoiles » de l’histoire de l’organisme en 2001, la Renault Laguna, aurait sans doute bien du mal à en décrocher une de nos jours. La révision des protocoles ne semble pourtant plus suffisante. Il faudrait qu’EuroNCAP s’adapte en profondeur, quitte à mieux pondérer les résultats ou différencier sécurité passive et sécurité active.

L'accent mis sur la sécurité a nécessité une évaluation neutre, qui a finalement abouti à l'attribution de cinq étoiles qui ont permis à Euro NCAP de se faire connaître. Cette évaluation neutre a fait l'objet de nombreux débats, car de nombreuses voitures ont été développées en vue d'obtenir un score Euro NCAP élevé et non une sécurité maximale. Néanmoins, les crash tests et les étoiles qui les accompagnent ont encouragé l'industrie automobile à travailler sur la sécurité. Et cela ne mérite que des éloges.

Bien qu'Euro NCAP ait constamment révisé les protocoles afin de maintenir la pertinence des étoiles, l'organisme de sécurité s'interroge actuellement sur la différence entre sécurité active et passive. Les conséquences d'un accident physique sont tout à fait différentes de la validation de la présence de tel ou tel système de sécurité. Parce que ces points ne valent rien si la caractéristique en question n'apparaît pas dans un accident. En outre, une grande partie de la technologie semi-autonome peut être désactivée manuellement...

Alors oui, la sécurité des nouveaux véhicules reste cruciale. Mais les étoiles Euro NCAP pourraient à nouveau signifier davantage qu'aujourd'hui. Si presque tout le monde obtient un rapport parfait, la note n'est plus pertinente.

Elles retrouveraient un sens s'il y avait une distinction entre sécurité passive et active.

Une voiture très bien conçue qui protège efficacement ses occupants qui reçoit seulement 3 étoiles parce qu'elle n'a pas tout le panel d'aides qu'ont les autres, ça n'est pas logique. Actuellement le système de cotation fait passer certaines voitures extrêmement safe en cas de crash, mais avec peu d'aides, pour des voitures dangereuses aux yeux des gens. Alors qu'une autre avec toutes les aides mais moins résistante aux crashs pourra avoir un meilleur score.

Or ce qui m'intéresse personnellement, c'est en priorité cette résistance aux crashs, à quel point je serai protégé en cas d'accident. Savoir si elle a beaucoup d'aides ou non est un bonus. Une aide à la conduite reste par définition une aide. Elle permet d'éviter certains risques, mais ne protège en aucun cas. Elle peut même en créer, comme avec toute aide : mon Lane Assist (Seat Leon) est horriblement dangereux dans ses réactions erratiques et disproportionnées, et je n'ai jamais été aussi tenté de regarder mes mails dans les bouchons depuis que je sais qu'un système veille à ce que je ne rentre pas dans le mec devant moi... mais c'est un autre débat.

En soi, les étoiles EuroNCAP ont toujours été un outil marketing à mes yeux et elles le restent en évoluant avec les valeurs contemporaines des constructeurs. Comprenons-nous bien, la sécurité est un élément primordial et incontournable dans la conception d’une voiture, aujourd’hui plus encore qu’hier au vu de l’augmentation incessante du nombre de véhicules sur la route et du nombre d’imbéciles incapables de respecter les règles primaires d’une conduite sécurisée.

Donc le travail de l’EuroNCAP reste louable sur le fond, aucun doute à cet égard. Mais dans la forme, il y a clairement de nombreux manquements, à commencer par cette attribution d’une note globale prenant en compte à la fois la sécurité passive et la sécurité active. Intrinsèquement, une voiture 5 étoiles d’aujourd’hui ne représente plus le même niveau de sécurité relatif pour l’occupant du véhicule au moment d’un accident réel. Je veux dire par là qu’en comparaison de certaines concurrentes, une Renault Laguna ou une Mercedes Classe C d’il y a 5 ans étaient réellement un endroit plus sûr pour le conducteur ou les passagers en cas de crash. Aujourd’hui une voiture 5 étoiles sera peut-être une « cellule de protection » moins efficace en cas de crash qu’une autre qui n’a récolté que 4, voire 3, étoiles mais uniquement en raison d’un manque d’assistances sécuritaires disponibles de série, ou en option.

Il serait donc nécessaire de faire la différence entre les étoiles de sécurité passive qui correspondent au niveau de sécurité quand un crash survient, et les étoiles de sécurité active qui déterminent la capacité à éviter le crash… Mais bon, imposer une lecture en 2 lignes aux publicitaires, c’est trop demander, et comme on ne prête qu’aux riches qui ont les moyens de barder leurs bagnoles de puces…

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