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Rétro / Vintage - 1998 Honda Accord Type R, de Silverstone à Dartmoor

Rédigé par Valentin Delchambre le 27-09-2021

Il n’y a pas que la Civic ou l’Integra dans la vie. Aujourd’hui, la plus abordable des Type R, l’Accord, a bien des arguments à faire valoir…

À la fin des années 1990, alors que l’image de Honda Europe était placée sous le signe du sport, notamment avec l’apparition de l’Integra Type R, que l’on a notamment vue aux 24H de Spa, l’occasion était belle de marquer un grand coup. L’Accord, en passe d’être renouvelée, est développée sur notre continent afin d’être assemblée en Angleterre, à Swindon. Elle court alors dans le championnat de tourisme anglais, le BTCC. L’occasion de lui offrir une vraie version sportive, que même le Japon n’a pas.

L’Accord d’alors garde sa réputation de berline à la fiabilité inégalable, sage et consensuelle, mais Honda ose lui octroyer une version délurée. De quoi poursuivre des concurrentes souvent moins talentueuses telles les Mondeo ST200, Alfa Romeo 156 V6, BMW, ou encore, soyons fous, l’Impreza GT Turbo. Une palette de modèles délurés qui reflète encore bien la fougue par laquelle on était animé en cette fin des années 1990. O tempora o mores !

Vintage - 1998 Honda Accord Type R

Faire fi de la discrétion

Avant de passer au cœur de l’ouvrage, intéressons-nous au design plus global de l’Accord européenne, sixième du nom. Alors que la génération précédente était développée en joint-venture avec Rover (cette union donnera notamment la 600) sur base de l’Ascot Innova, la nouvelle Accord affiche ses ambitions à l’international. Chaque continent bénéficie ainsi de sa propre itération, selon les exigences du marché. Trois développements différents d’une même voiture ; pas la méthode la plus économique, mais Hisao Suzuki, alors président de Honda R&D Europe, maintenait que c’était la seule manière d’assurer la survie et la prospérité de la marque dans ce monde bien trop compétitif.

L’Accord 6 anglaise reprend un design extrêmement européen (qui a dit « conservateur » ?). On y retrouve beaucoup de lignes germaniques, l’ensemble de l’ouvrage s’inspirant assez librement de ce qui se fait chez Audi (notamment dans la poupe) ou BMW encore. Le résultat final inspire la robustesse avec un léger dynamisme, mais paraît aussi un peu trop sage.

C’est avec l’idée de contrecarrer tout ça que Honda ne fera pas dans la subtilité sur cette version sportive : kit carrosserie spécifique, énorme becquet optionnel, jantes de 17 pouces spécifiques, couleurs flash (le fameux blanc « Championship White », rouge…) et une double sortie d’échappement disposée de part et d’autre de l’arrière du véhicule. Plus discrètement, on la reconnaît grâce à ses phares à fond noir spécifiques. Et histoire de nous rappeler qu’il ne s’agit pas de l’Accord de papa, un logo « Type R » est apposé sur les flancs. Extérieurement, l’Accord Type R, du moins dans ses premières années, ne fait pas dans la demi-mesure. Intérieurement non plus… Elle se dote d’inserts look carbone, d’un volant spécifique avec le fameux « H » rouge, d’un pommeau de vitesses en titane, et… clou du spectacle, de baquets Recaro !

Vintage - 1998 Honda Accord Type R

Chevaux de feu

On retrouve sous le capot une vieille connaissance, le bloc double-arbre de 2,2 litres de cylindrée, le «H22», ayant déjà œuvré dans la Prelude. Dans l’Accord Type R, il est gonflé à 212 chevaux à 7200 tr/min, notamment grâce à une admission et à un échappement revus, mais aussi à une compression revue à la hausse et des pistons à faible friction. VTEC oblige, le couple maxi atteint est de 215 Nm à 6700 tr/min, le tout dans un hurlement caractéristique… De quoi la propulser à 231 km/h.

Vintage - 1998 Honda Accord Type R

Châssis à toute épreuve

Le châssis aussi a été passablement modifié afin de faire passer cette puissance. Tout d’abord, l’Accord Type R a subi une sacrée cure d’amaigrissement, notamment avec la suppression de nombreux insonorisants. Ensuite, le châssis a été rigidifié au maximum. Outre un amortissement spécifique, des freins plus gros et des jantes 17 pouces, l’Accord Type R se dote d’un différentiel à glissement limité Torsen. Le train avant est dès lors on ne peut plus incisif, la direction est assistée hydrauliquement. En courbe, cela se sent que l’on n’est pas dans n’importe quelle Honda. L’ensemble se veut sain, endurant et très adapté aussi – malgré une suspension un peu ferme – à un usage moins sportif… Disons, en bon père de famille. La Type R disparaîtra en 2002, avec des ventes hélas anecdotiques, ce qui poussera le constructeur à malheureusement ne pas réitérer l’expérience pour l’Europe. Le « R » rouge a pourtant fait de cette voiture, dont l’image est celle d’une berline consensuelle, chassant sur son territoire d’origine la Mondeo auprès des représentants en assurances, ou d’engins de déplacement sans charme, une redoutable sportive familiale.

Dans le monde de la japonaise vitaminée, l’Accord Type R, « ATR » pour les intimes, est une véritable alternative de niche. Un sleeper, à l’image d’une Ford Taurus SHO aux États-Unis. En bref, le genre de voiture dont il ne faut pas s’arrêter à l’apparence. Celle-ci ayant l’air d’une énième Honda tunée… L’accès au bonheur grisant de la Type R, un des derniers vestiges de l’ère où l’on aimait encore la bagnole, est on ne peut plus abordable. On trouve des modèles à conduite à gauche en excellente condition autour des 5 à 6000 €. Si la conduite à droite ne vous arrête pas, on en trouve déjà en Angleterre, pratiquement sa terre natale, à partir de 1500 €. Beaucoup de gros kilométrages prédominent dans les modèles les plus abordables, mais il ne faut pas prendre peur, il s’agit du témoignage de la fiabilité légendaire de Honda.

Bon, évidemment, il faut privilégier les modèles entretenus qui vous le rendront bien, et ne pas lésiner sur celui-ci. Pensez aussi que les versions Phase 1 ne digèrent que le 98. Attention au tuning, même si cette version destinée aux pères de famille n’a pas été aussi prisée que les Civic. Les Integra Type R atteignent des prix de dingue, la Civic EP3 commence à suivre ce chemin… Et l’Accord stagne dans le creux de la vague du marché… Et c’est tant mieux pour ceux qui connaissent. Après tout, les vrais savent.

 

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