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Décryptage / Un véhicule Diesel coûterait 700 € par an à la collectivité

Rédigé par David Leclercq le 05-11-2015

L’affaire Volkswagen débouche sur des études inattendues. Comme celle de la KU Leuven qui met en avant le fait qu’un véhicule Diesel coûterait 700 € par an à l’Etat en raison de sa plus faible taxation et de son niveau plus élevé de pollution. Analyse.

Selon une étude de la KUL relayée par le journal l’Echo, un véhicule Diesel coûterait en moyenne chaque année 700 € à la collectivité. Selon l’étude seuls les véhicules essence paieraient pour la pollution qu’ils génèrent.

L’Affaire VW au centre du débat

Cette annonce fait évidemment suite au scandale Volkswagen qui a amené les chercheurs de l’université à reconsidérer leur modèle mathématique. Car jusqu’ici, ceux-ci estimaient le subside annuel pour un Diesel à 184 € par an sur une base de 10.000 km parcourus, ce qui était moins qu’un véhicule électrique dont les larges subsides le rendait plus cher pour l’Etat, à raison de 294 € par an, toujours pour 10.000 km. Dans ce coût, l’étude inclut bien entendu les émissions de CO2 – mais qui sont plutôt à l’avantage du Diesel puisque ces véhicules affichent une consommation moindre – ainsi que les polluants dits « atmosphériques » car responsables de la pollution locale dont les fameux oxydes d’azote à l’origine des pluies acides (NOx), les HC (hydrocarbures imbrûlés), le CO (monoxyde de carbone), les NMHC (les hydrocarbures non méthaniques) et les PM (particules de suies et nanoparticules). Or, ces chercheurs viennent apparemment de se rendre compte que les taux d’émissions officiels communiqués sont finalement très différents de la réalité, un fait pourtant avéré et que le monde automobile ne nie pas (comme Carlos Ghosn tout récemment), pas plus que les autorités européennes qui ont mis en place ce système de normes peu réaliste, mais qui constitue actuellement la seule base de comparaison fiable entre les différents produits sur le marché. En cela, l’automobile ne diffère pas de celui de l’électroménager et de son étiquetage énergétique.

A la hausse

Dès lors, les chercheurs ont revus leurs calculs pour arriver à la conclusion que le Diesel était désormais plus largement subsidié désormais que les véhicules électrique ou essence. Selon eux, le fait que le Diesel pollue davantage depuis qu’on a eu connaissance de l’affaire et qu’il est moins taxé au niveau des accises, ce carburant coûterait 464 € par an et par véhicule sur une base de 10.000 km annuel. Soit près de 700 € si on extrapole le coût à une base de 15.000 km qui correspond au kilométrage annuel moyen d’un véhicule Diesel en Belgique. Le véhicule électrique resterait cantonné à un coût de 294 € par an tandis que le moteur à essence serait juste à l’équilibre du fait d’accises plus élevées qui compenseraient le niveau de pollution moindre.

Le bon calcul ?

L’exercice est intéressant, mais il soulève tout de même de nombreuses questions. Car les chercheurs n’indiquent pas sur quel coefficient multiplicateur ils ont effectué leurs nouveaux calculs sur les polluants. Ont-ils pris la mesure américaine des moteurs incriminés et qui indiquait un niveau d’émissions supérieur de 40 fois par rapport à la norme ? Et ils ne semblent pas prendre en compte que l’Affaire VW ne concerne – actuellement il est vrai – pas tout le parc automobile, ni toutes les Volkswagen en circulation. En outre, il est curieux que le calcul renseigne un statu quo pour les véhicules à essence et électriques qui, eux aussi, sont plus émetteurs dans la réalité que dans la théorie des cycles d’homologation. Pour les « essence », la proportion varie en effet de 3 à 6 fois plus à la grosse louche. Dire dès lors que les « essence » sont totalement blancs semble dès lors un peu osé car on sait qu’avec les systèmes d’injection directe et la suralimentation, les moteurs essence commencent aussi à émettre des NOx. Or, ces derniers ne sont pas encore soumis à l’obligation de catalyseurs ou pièges à NOx comme c’est obligatoire pour les Diesel.

Des solutions ?

Pour corriger le tir, les auteurs de l’étude recommandent de rééquilibrer le traitement fiscal des différents carburants, c’est-à-dire augmenter les accises sur le Diesel et de cesser de promouvoir fiscalement les véhicules électriques. Une mesure qui est d’ailleurs en cours depuis la mise en place du fameux virage fiscale de l’actuel gouvernement (augmentation du prix du Diesel de 1,3 centimes par litres jusqu’en 2018). Les auteurs recommandent par ailleurs que les pouvoirs publics devraient moins se focaliser sur le CO2 et plus sur les émissions polluantes, ce qui semble du reste tout à fait évident. « Tôt ou tard, il faudra, comme pour les camions, passer à une taxation au kilomètre pour le transport des personnes » suggèrent encore les auteurs. Un tel système de taxation pourrait ensuite être adapté au lieu et au moment d’utilisation du véhicule ce qui permettrait aussi de mieux gérer les soucis d’engorgement. Rien de bien neuf sous le soleil finalement…

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